La problématique des clubs interdits de recrutement (ESS, MCO, CRB, RCK, CAB, CRBAF, USMB, USMH) semble être au cœur d'un bras de fer entre le président de la FAF, Kheireddine Zetchi, et le président de la LFP, Mahfoud Kerbadj. Au moment ou Zetchi est partisan d'une application stricte de la décision du bureau fédéral de l'interdiction de recrutement suite à des dettes impayées à des joueurs ou à des entraîneurs, Kerbadj plaide plutôt pour l'annulation pure et simple de cette mesure afin de pas pénaliser les nombreux joueurs recrutés qui sont désormais condamnés au chômage pour les six prochains mois. En effet, les joueurs recrutés par le groupe des 8 ne sont pas qualifiés pour le moment pour prendre part aux matches des championnats des Ligues 1 et 2 ce week-end. Kerbaj a accordé en outre un délai supplémentaire de 15 jours à ces clubs afin de régler leur note auprès de la chambre de résolution des litiges (CRL), ce que la FAF ne semble pas apprécier, estimant que les délais sont dépassés. Il faut savoir que le bureau fédéral de la FAF avait décidé d'interdire le recrutement pour les équipes des Ligues 1 et 2, n'ayant pas réglé, avant le 15 janvier, les contentieux au niveau de la chambre de résolution des litiges. Cependant, les membres du BF ont exclu de cette interdiction les clubs ayant cumulé un montant de dettes inférieur ou égal à un milliard de centimes. Contacté par Liberté, un membre du bureau fédéral a confirmé le mécontentement de la FAF par apport à la gestion du dernier mercato par la LFP et révèle que le sujet sera à l'ordre du jour de la prochaine réunion du BF, prévue le 24 janvier à Sétif. "Nous allons aborder le sujet et les derniers problèmes survenus et nous prendrons les mesures qui s'imposent". Selon notre interlocuteur, la rupture de la convention entre la FAF et la LFP n'est pas écartée. Du coup, le départ de Kerbadj de la LFP est fortement envisagé par la FAF. Interrogé par Liberté à ce sujet, Kerbadj se dit "prêt à partir si cela peut aider le football algérien à mieux se porter". "Ecoutez cela fait des mois que j'entends parler de cette volonté de la FAF de me destituer. C'est son droit ; pour ma part, je pense que laisser 44 joueurs en rade n'est pas une chose positive d'autant plus qu'ils n'ont aucune responsabilité dans cette crise. Maintenant, si la FAF souhaite mon départ, je suis prêt à partir, je dirais même qu'elle me rendra un énorme service vu la grande pression que je subit quotidiennement". Vers une énième intervention du MJS Cependant, une énième intervention du ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali qui a toujours joué le rôle d'arbitre entre les deux hommes, pourrait maintenir encore une cohabitation presque impossible. En effet, on apprend que le MJS a donné instruction à la FAF et à la LFP de délivrer les licences des nouvelles recrues pour éviter que ces joueurs n'aillent grossir les rangs du chômage. Idem visiblement pour le joueur Guitoune de la JSK. Lundi, Ould Ali, avait du reste reçu, comme révélé dans ces mêmes colonnes, les représentants des clubs. Il avait promis de saisir les instances du football pour régler au plus vite les contentieux. En fait, Zetchi n'a jamais caché, depuis son intronisation à la tête de la FAF, son intention de mettre fin aux fonctions de Kerbadj et de faire élire un de ses proches à la LFP. Kerbadj lui avait d'ailleurs facilité la tâche en décidant de démissionner au mois de juin dernier. Cependant, contre toute attente, les présidents de club et surtout le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, ont demandé à Kerbadj de rester à son poste et d'honorer son mandat jusqu'à 2019. "La veille de l'Agex, j'ai eu un entretien avec le ministre de la Jeunesse et des Sports, qui a souhaité que je poursuive ma mission à la tête de la LFP", avait révélé Kerbadj, à ce titre, le 18 juin dernier. Qu'en sera-t-il cette fois ? Une chose est sûre, la FAF ne peut pas se permettre de laisser en rade 45 joueurs (les 44 recrues des 11 clubs + Guitoune), sans tenter de trouver des solutions. Et il en existe du point de vue réglementaire. La LFP, par le truchement de sa commission de discipline, aura toute latitude rapidement de sanctionner ces 8 clubs à travers des défalcations de points prévues par la loi. Du coup, la FAF serait mieux inspirée d'abandonner pour de bon cette histoire d'interdiction de recrutement, qui ne fait que compliquer la situation déjà suffisamment confuse et se contenter de la défalcation de points, prévue par la Fifa. SAMIR LAMARI