Le Premier ministre reconnaît, enfin, que le partenariat public-privé contenu dans la charte signée par le gouvernement et ses partenaires de la tripartite nécessite une loi. Lors d'une conférence de presse animée à l'issue de la clôture des travaux de la 4e session ordinaire du conseil national du Rassemblement national démocratique (RND), son secrétaire général et Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a tenu à faire une mise au point sur la polémique liée au partenariat public-privé (PPP), signée récemment par le gouvernement, le patronat et l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Pour Ahmed Ouyahia, "certains sur la scène politique ont créé un conflit sans aucun contenu politique". Ahmed Ouyahia ne voit aucune polémique puisque, selon lui, le "Président a tranché (...) cette question" en donnant "instruction de subordonner tout partenariat à son accord". Après avoir rappelé les différentes lois relatives à la privatisation de 1995 à 2002, le secrétaire général du RND a souligné que "l'Etat est régi par des lois" et que la charte sociétaire privé-public est un "document référentiel" qui nécessite une loi. Ce qui veut dire que pour le partenariat public-privé, il faut une loi, une nécessité réclamée par des experts depuis des années. Pour rappel, de nombreux acteurs de la scène politique ont interprété l'instruction du Président, relative au PPP, comme un coup d'arrêt à la charte et à la privatisation. Le secrétaire général du FLN a été le premier à jeter la suspicion sur la charte du partenariat public-privé, allant jusqu'à organiser une tripartite-bis en se substituant au gouvernement. Cette situation montre qu'au sommet de l'Etat algérien les décisions ont du mal à se prendre et que des oppositions existent entre les différents partis au pouvoir. Et notamment entre le FLN, majoritaire, et le RND d'Ahmed Ouyahia avec qui il partage le pouvoir. À ceux qui disent que la charte est remise en cause, Ahmed Ouyahia, avec ses propos d'hier, répond tout à fait le contraire puisqu'il préconise de l'adosser à une loi. En somme, il lève l'équivoque sur le sort de cette charte du partenariat public-privé qui ne sera finalement pas enterrée. Cette tension au sommet de l'Etat se fait sur fond de crise économique. D'ailleurs, Ahmed Ouyahia a indiqué, hier, que "la loi de finances 2018 a été adoptée par le Parlement avec un déficit de 1 800 milliards de dinars", ajoutant que "l'augmentation du prix de baril de pétrole à 65 ou encore à 70 dollars ne peut résoudre la crise". Cette affirmation contredit les derniers chiffres du ministère des Finances indiquant que le fonds de régulation des recettes qui cumulait près de 1 000 milliards de dinars à fin septembre 2017, couvre 80% du déficit du Trésor et que le restant est couvert par l'emprunt obligataire. Ce clin d'œil d'Ouyahia sur la situation financière du pays qui, selon lui, ne se résoudra pas, même avec un baril à 70 dollars, est une façon, pour lui, de défendre les différentes mesures qu'il a mises en place, à l'instar de la planche à billets et la privatisation des entreprises. Il convient de rappeler que des privatisations partielles ou totales en Algérie, il y en a déjà eu quelques-unes. Elles ont connu des fortunes diverses. Certaines ont été un échec et d'autres ont eu plus de succès. L'objectif de ces opérations est de procurer de nouvelles ressources financières à des entreprises en difficulté de façon à les rendre moins dépendantes du budget de l'Etat. Au jour d'aujourd'hui, si on en juge par les derniers développements et malgré l'insistance d'Ahmed Ouyahia, la question de l'avenir du secteur public n'est pas près d'être tranchée et le statu quo risque de durer encore. Saïd Smati