Dans son discours à Addis-Abeba, fin janvier 2016, le roi du Maroc, Mohammed VI, avait insinué que le projet d'une Union du Maghreb arabe (UMA) n'avait plus de raison d'exister. Le dialogue, même informel, des "5+5" de la Méditerranée occidentale pourrait-il le relancer ? Les Etats membres du groupe de "dialogue 5+5" de la Méditerranée occidentale ont affirmé hier à Alger qu'il était important d'assurer une cohésion des pays de la région pour faire face aux défis et enjeux du moment, en insistant justement sur "l'importance de l'Union du Maghreb arabe (UMA)", lit-on dans la "déclaration d'Alger" qui a sanctionné la 14e conférence des ministres des Affaires étrangères de ce forum de discussion et d'échange lancé en 1991. "Les ministres réitèrent l'importance, pour les programmes de coopération de l'UE (Union européenne) avec les pays du sud de la Méditerranée, de contribuer davantage à l'intégration régionale intra-maghrébine", lit-on dans le texte en question. "À cet égard, ils (les ministres, ndlr) réaffirment l'importance de l'Union du Maghreb arabe (UMA)", ont insisté les rédacteurs de cette déclaration remise à la presse à l'issue de la conférence de presse que le ministre des Affaires étrangère, Abdelkader Messahel, a animée conjointement avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian. Décrétée par la nécessité de la mise en place d'un véritable cadre de concertation, la relance de l'UMA s'avère aujourd'hui être aussi un enjeu stratégique pour l'UE qui recherche des solutions efficaces pour lutter, entre autres, contre l'émigration clandestine. "Alors que s'engage une phase de réflexion sur les instruments de financement de l'action extérieure de l'UE, les ministres conviennent de coopérer étroitement avec l'UE pour renforcer l'efficacité de la politique de voisinage et à en assurer la pérennité", lit-on dans la déclaration d'Alger, dans laquelle les "5+5" estiment que "le dialogue politique au sein de cet espace sous-régional, constitue le moyen idoine pour la recherche de solutions adaptées et efficaces aux crises et aux foyers de tension qui secouent la région", sans faire, évidemment, référence au conflit opposant le Sahara occidental au Maroc et qui constitue justement une des raisons qui bloquent l'UMA depuis des décennies. Car, sans le règlement de ce conflit, cette organisation sous-régionale demeure une coquille vide. D'ailleurs, en terme d'intégration régionale, les échanges commerciaux au sein des Etats membres de l'UMA est l'un des plus faibles sur le continent africain, car ne dépassant pas les 3%, selon des chiffres officiels. Avec l'instabilité politico-sécuritaire dans laquelle est plongée la région, depuis fin 2010, à la suite de la chute des anciens régimes de Ben Ali en Tunisie et de Mouammar Kadhafi en Libye, ces échanges ont encore diminué davantage. Par ailleurs, le discours du roi du Maroc, Mohammed VI, aux chefs d'Etat africains au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba, en janvier 2017, a fini par enterrer toute perspective de relance de l'UMA. "La flamme de l'Union du Maghreb arabe s'est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu !", avait-il lancé dans son discours, à l'occasion de l'admission du Maroc comme 55e membre de l'UA. "L'élan mobilisateur de l'idéal maghrébin se trouve trahi", avait-il tranché. "Aujourd'hui, nous constatons avec regret que l'UMA est la région la moins intégrée du continent africain, sinon de toute la planète", avait-il constaté, pour justifier la mort de ce projet maghrébin. Lyès Menacer