Une centaine de gendarmes ont été appelés en renfort pour contenir d'éventuelles actions de protestation alors que des baraquements sont désormais installés tout au long du tronçon autoroutier entre Bouira et Lakhdaria. En prévision de probables nouvelles tentatives de marche vers Alger, initiées notamment par les ex-militaires, les pouvoirs publics tentent de "colmater" toutes les brèches pouvant mener vers la capitale. Bouira et plus particulièrement la commune de Lakhdaria, par sa position géographique, est devenue ces derniers jours, une sorte d'avant-poste hypersécurisé. Durant les journées d'hier et d'avant-hier, plusieurs convois de la Gendarmerie nationale ont été dépêchés vers cette commune, dans le but de "sécuriser" le tronçon autoroutier reliant Lakhdaria à Dar El-Beida. En effet, une centaine de gendarmes, en plus de ceux déjà mobilisés, ont été appelés en renfort pour contenir d'éventuelles actions de protestation. D'ailleurs et signe que ce déploiement sécuritaire va s'étaler dans le temps, des baraques en préfabriqué ont été installées tout au long du tronçon autoroutier reliant Bouira à Lakhdaria en direction d'Alger. Le commandement de la Gendarmerie nationale local ne souhaite en aucun cas être pris au dépourvu, comme ce fût le cas à Sétif, où des gendarmes ont été blessés lors d'échauffourées avec les retraités de l'ANP. À Bouira, le commandant de groupement de la Gendarmerie nationale, Kamel Mahdjoub-Araïb, qui a été maintes fois félicité publiquement par sa hiérarchie, ne souhaite visiblement pas prendre le moindre risque. Depuis le 20 janvier dernier, Lakhdaria est devenue le "dernier rempart" à franchir pour arriver aux portes de la capitale, érigée par le pouvoir en "forteresse" quasi inviolable. Même la RN5 est quadrillée de bout en bout par les services de sécurité. De la localité de Zeboudja, en passant par la commune d'Aomar et en arrivant vers les gorges de l'ex-Palestro, à la frontière avec la wilaya de Boumerdès, des barrages filtrants ont été dressés pour refouler les contestataires. Dans cette configuration hypersécuritaire, ayant pour unique but de verrouiller les portes d'Alger, les automobilistes et autres voyageurs, sont pour ainsi dire pris en otage. Huit heures de route pour effectuer les 120 kilomètres séparant Bouira d'Alger, ce trajet revêt dans cette conjoncture, des allures d'une expédition des plus périlleuses. Mardi et mercredi derniers, et du fait de ces embouteillages monstres engendrés par ce "blocus" sécuritaire, des cas d'évanouissement, notamment des personnes âgées et des femmes enceintes, ont été signalés. De plus, même le secteur économique se trouve fortement perturbé par ces mesures sécuritaires que d'aucuns qualifient de démesurées. Les transporteurs routiers se retrouvent paralysés et, en l'absence de système de ferroutage, les chargements à destination du port d'Alger, arrivent souvent en retard. En définitive, une question mérite d'être posée : jusqu'à quand les usagers de la route auront à subir les conséquences de la politique ultra-sécuritaire imposée par les autorités, pour "protéger" la capitale et y interdire l'accès à tout mouvement de protestation sociale ? RAMDANE B.