Le ministère de la Santé a fini, hier, par sortir de son mutisme concernant le conflit qui l'oppose aux médecins résidents depuis 78 jours. En effet, le département de Mokhtar Hasbellaoui a donné sa version des faits lors d'un point de presse au siège du ministère. Les deux coordinateurs du comité intersectoriel chargé de la prise en charge des revendications des résidents en sciences médicales ont annoncé qu'ils ont accédé pratiquement à l'ensemble des revendications formulées par les médecins grévistes depuis le 14 novembre, y compris la révision du service civil. Cette dernière doléance, qui a constitué, depuis le début du conflit, une pierre d'achoppement, a été résolue, selon ces responsables. Omar Berdjouane a clairement signifié que l'obligation du service civil est consacrée par la loi 84/10. Elle ne concerne pas seulement les spécialistes en médecine, mais aussi d'autres corps de la Fonction publique. "L'on ne peut toucher, aussi facilement, à une loi de la République. Il faudra préparer d'autres textes, et cela exige un long travail au niveau du gouvernement, puis de l'APN." Néanmoins, le coordinateur de la commission intersectorielle a rappelé que le ministère a proposé aux résidents de modifier la durée du service civil et le système de zoning concernant l'affectation des spécialistes. "On a aussi proposé la possibilité de revoir la liste des spécialistes retenus en fonction de la nouvelle carte sanitaire. Il ne faut pas perdre de vue, sur un autre plan, que ce n'est pas le ministère de la Santé qui décide de l'affectation de tel ou tel autre médecin dans une région donnée. Il existe une commission nationale qui examine et décide des affectations des spécialistes." Il sera relayé par le coprésident de la commission pluridisciplinaire, le Pr Bendib Salah Eddine, doyen de la Faculté de médecine d'Alger, qui a tenu à rappeler les dernières mesures prises par le ministère de la Santé au bénéfice des futurs spécialistes. "L'affectation de spécialistes dans les Hauts-Plateaux ou dans le Sud du pays se fera en groupe d'homogène de spécialistes. À titre d'exemple : des orthopédistes avec un médecin réanimateur. Le ministère a instruit les DSP de créer des plateaux techniques performants de référence au niveau de chaque wilaya. Il sera prochainement promulgué un décret qui autorisera l'exercice d'une activité complémentaire. Il faut savoir aussi que le problème du regroupement familial des couples spécialiste est également résolu", a précisé le Pr Bendib. D'autres points formulés dans la plateforme de revendications ont été également, disent-ils, satisfaits par la tutelle. Les deux conférenciers ont rappelé que le problème du statut des résidents et l'ouverture de droit aux œuvres sociales sont pris en charge par le ministre qui a instruit les DSP et les gestionnaires des structures hospitalières de leur accorder ce droit. Pour rattraper leur déficit en communication depuis le début de la crise, les représentants du Pr Hasbellaoui ont révélé, hier, que les médecins contestataires ont soumis au ministère une plateforme constituée de 24 revendications qui sont, selon eux, problématiques. Outre la suppression pure et simple du service civil, les résidents ont exigé l'attribution de logements de fonction meublés, avec une clause de cession pour le médecin, après cinq années d'exercice dans une région du Sud. Ils ont demandé également une prime d'installation qui représenterait 12 mois de salaires et une autre prime, dite d'avantages, de 150% du salaire brut. En sus d'une indemnité de zone qui varierait de 200 à 400%. Dans le même ordre d'idées, ils rappellent l'existence d'un régime indemnitaire qui fixe les avantages octroyés aux cadres de la Santé travaillant dans le sud, y compris pour les médecins. Mais ce régime d'indemnisation défendu par les conférenciers est régi par un décret qui date de 1995. Dieu sait combien de fois a été dévaluée, entre-temps, la monnaie nationale. La chute de dinar a des effets directs sur le pouvoir d'achat des Algériens du nord ou du sud pays. Alors appliquer en 2018 un barème d'indemnités mis au point dans les années 1990 se passe de tout commentaire, rétorquent les résidents. Les deux animateurs de la conférence de presse sont revenus sur la teneur de la septième réunion de travail qui s'est terminée hier en queue de poisson, à en croire le collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra). Le Pr Bendib a répondu que la réunion de ce mardi s'est déroulée dans la sérénité et s'est achevée par un accord sur la tenue d'un nouveau round, ce jeudi, qui sera consacré au logement de fonction pour les spécialistes. "Ils sont rentrés ce mardi avec l'intention de revenir, jeudi, pour se réunir avec la commission intersectorielle. On les attend donc ce jeudi." Rappelons, enfin, que les membres du Camra exigent, selon un communiqué rendu public, la présence du ministre Hasbellaoui lors des prochaines rencontres avec la commission intersectorielle. H. H.