L'affaire du lanceur d'alerte et ancien employé de l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO), qui avait dénoncé des faits de corruption et de mauvaise gestion au sein de cette entité, prend une nouvelle dimension avec des plaintes ciblant N. Tounsi. Ce dernier a annoncé, lors d'un point de presse, animé hier au siège de la Laddh d'Oran, que le port d'Oran venait de déposer deux plaintes à son encontre : la première pour des faits relevant de "l'insulte et de la diffamation" et la deuxième pour "divulgation de secret d'une entreprise". Le lanceur d'alerte, membre du Comité national des lanceurs d'alerte algériens, a, en effet, déclaré à la presse : "Après avoir dénoncé les faits de corruption, de mauvaise gestion avec preuves à l'appui, aujourd'hui, mon ancien employeur, qui m'a licencié à cause de mes dénonciations, veut me traîner devant les tribunaux avec deux plaintes à mon encontre en date du 21 novembre 2017 et du 14 décembre de la même année, soit après mon passage dans une émission de télé privée." Le lanceur d'alerte a encore expliqué que dans ce cadre, il vient d'être entendu par des juges d'instruction des 4e et 9e chambres, ceci au moment où "le dossier que j'ai transmis à la justice est bloqué en dépit de la position du parquet de la cour d'Oran qui avait demandé, il y a un mois, un complément d'enquête à la juge d'instruction qui avait décidé d'un non-lieu". Un dossier, explique-t-il, qui aurait été transmis à la cour de cassation sans qu'aucune confrontation entre accusés et accusateurs ait eu lieu. D'accusateur, le lanceur d'alerte, qui reprendra longuement la genèse des différents dossiers de malversations qu'il a dénoncées, touchant la gestion du port d'Oran et certains de ses responsables au profit d'une grande entreprise de travaux publics, entre autres, se retrouve dans la position d'accusé, poursuivi pour divulgation de secret. Une situation incompréhensible pour N. Tounsi qui ne cesse de rappeler que sa démarche a été motivée pour que cesse la prédation lésant le Trésor public : "Pourtant, les plus hautes autorités du pays disent combattre la corruption et ont promulgué une loi qui est censée protéger les lanceurs d'alerte et ceux qui luttent contre la corruption." Réitérant les accusations de malversation "confortés par une enquête de la gendarmerie", l'intervenant attend toujours une réaction du ministre de la Justice pour sa protection et l'enquête sur le traitement du dossier. De même, s'agissant du ministre des Transports, l'intervenant ne s'explique pas le silence de ce dernier qui, dit-il, "reste sans réaction par rapport à ce qui se passe au port d'Oran". D. LOUKIL