Après des auditions et des confrontations ayant duré toute une partie de la journée d'hier, le juge d'instruction près le tribunal sis à la cité Djamel vient de décider de la mise sous contrôle judiciaire du DG de l'Entreprise portuaire d'Oran (EPO) et de la mise sous mandat de dépôt de deux personnes impliquées dans cette affaire. En effet, ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui “l'affaire du port d'Oran” a été révélée ces derniers jours avec l'annonce de la garde à vue depuis vendredi soir du DG de l'EPO, S. M., pour les besoins d'une enquête touchant des malversations financières dans la comptabilité et impliquant deux autres personnes, le caissier de l'entreprise et le gérant d'une sarl, alors qu'un quatrième est en fuite actuellement. Pour la présentation des trois mis en cause, les enquêteurs de la brigade économique et financière de la sûreté de wilaya avaient établi trois chefs d'inculpation, à savoir dilapidation de deniers publics, détournement et négligence ayant entraîné un préjudice. Selon des sources judiciaires, le préjudice financier pour l'EPO s'élèverait jusqu'ici à quelque 700 millions de centimes et alors que des versions contradictoires sur les tenants et aboutissants de cette affaire avaient circulé depuis deux jours. Les faits tels que rapportés jusqu'ici mettent en cause le caissier qui aurait fait signer par le DG de l'EPO trois ordres de virement accompagnés de chèques, le tout à l'appui de dossiers d'une sarl spécialisée dans la vente de pare-brise. Ces trois chèques seront ensuite encaissés par l'employé au niveau d'une agence CPA se trouvant au sein de l'enceinte portuaire et qui a l'habitude de traiter les opérations bancaire du prévenu. Il aura fallu un contrôle du commissaire au compte, constatant le mouvement des sommes mais sans trouver de dossiers s'y afférents, pour que le DG de l'EPO à son tour demande à voir les dossiers qui lui avaient été soumis par le caissier. Aucune pièce du dossier de cette sarl n'a été retrouvée chez le caissier. Le directeur de l'EPO, ayant engagé sa signature, prend la décision dès lors de suspendre l'employé de la comptabilité et dépose une plainte contre ce dernier auprès des services de police. Lors de son interrogatoire, le caissier reconnaîtra, nous dit-on, avoir endossé les ordres de virement en utilisant de façon factice les documents de la sarl, mais surtout il chargera son supérieur le DG de l'EPO, faisant de lui son complice dans cette combine. Devant le juge d'instruction, le directeur de l'EPO reconnaîtra avoir signé les ordres de virement et les chèques, mais au vu des dossiers qui lui furent soumis et d'expliquer que les vérifications sur la nature du dossier devaient se faire justement par ses services. Le fait d'avoir déposé une plainte est un argument qui aurait joué en sa faveur, mais reste encore à déterminer où l'argent a abouti puisque la sarl n'a fourni aucune prestation pour l'entreprise portuaire et d'aucuns se demandent si c'était là la première fois qu'une opération de ce genre avait lieu au détriment de la trésorerie de l'entreprise portuaire. La poursuite des investigations devrait clarifier tous les points de cette affaire dans les prochains jours.