La décision du juge d'instruction en faveur d'un non-lieu avait été perçue, à l'époque, comme une volonté d'étouffer l'affaire en rapport avec les personnes et les sociétés impliquées. Rebondissement judiciaire dans l'affaire des lanceurs d'alerte d'Oran et du dossier relatif à des faits de corruption et de mauvaise gestion au port d'Oran. Et pour cause, dans notre édition du 27 novembre 2017, nous avions évoqué la décision d'un juge d'instruction ayant prononcé un non-lieu dans ce dossier de corruption, et qui voit la chambre d'accusation de la cour d'Oran se prononcer a contrario, refusant de clore l'affaire à ce stade en demandant un complément d'enquête. L'annonce de cette décision de la chambre d'accusation a été faite en fin de journée, dimanche, à la cour d'Oran. Une sorte de demi-victoire pour l'un des lanceurs d'alerte à l'origine de cette affaire, Noureddine T. qui, lors d'un point de presse en date du 26 novembre 2017, s'offusquait de la décision du juge d'instruction qui, avait-il dit, "n'a pas pris la peine de m'entendre et d'organiser une confrontation". Pour Noureddine T., ancien employé au port d'Oran, remercié depuis l'éclatement de l'affaire suite aux alertes qu'il avait lancées, la décision du juge d'instruction en faveur d'un non-lieu avait été perçue, à l'époque, comme une volonté d'étouffer l'affaire en rapport avec les personnes et les sociétés impliquées. Pour rappel, les lanceurs d'alerte, documents à l'appui, avaient décortiqué, lors d'un point de presse, les pratiques de gestion au profit "de certains hommes d'affaires et de leurs entreprises de travaux publics, très connus sur la scène nationale, et des armateurs étrangers". Ces pratiques consistaient, notamment, "à ne pas comptabiliser dans la facturation pour les navires à quai les frais d'enlèvement et d'attente des marchandises de certains navires, où comment appliquer des taxes en deçà de ce qui est prévu par la loi", avec, du coup, un manque à gagner pour le Trésor public sur chaque opération s'élevant à des millions de dinars. Les lanceurs d'alerte avaient pris soin de rappeler que l'enquête de la gendarmerie, pendant 5 mois, n'avait fait que confirmer leurs allégations et, du coup, ces derniers d'interpeller à maintes reprises les ministères de la Justice, des Transports et la Présidence, demandant que toute la lumière soit faite dans ce dossier et d'autres. Mais les lanceurs d'alerte attendaient encore et surtout que la protection leur soit accordée comme prévu par les textes de loi au moment où ils subissent pressions et menaces. D'ailleurs, un comité des lanceurs d'alerte est en cours de constitution à Oran avec le soutien de la Laddh. D. LOUKIL