Après avoir dénoncé des faits de corruption et de mauvaise gestion au niveau du port d'Oran, les lanceurs d'alerte, à l'origine de la divulgation de certaines de ces pratiques, ont rapporté, hier matin, lors d'un point de presse, que l'instruction judiciaire avait décidé d'un non-lieu. En effet, l'un des lanceurs d'alerte, Noureddine T., a affirmé qu'après 10 mois d'enquête, y compris de la part de la gendarmerie, les dossiers de corruption et de mauvaise gestion devraient en rester là pour ce qui est de la justice. "Nous avons décidé de dénoncer les cas flagrants de corruption au profit de certains hommes d'affaires et de leurs entreprises de travaux publics, connus sur la scène nationale, et des armateurs étrangers causant un manque à gagner pour le pays qui se chiffre en millions de dinars. En date du 24 octobre dernier, le juge d'instruction en charge de ce dossier a décidé d'un non-lieu sans avoir pris le soin de nous écouter et de procéder à des confrontations", expliquera-t-il. Noureddine T. persiste dans ses accusations et sa démonstration des procédés utilisés pour favoriser certains opérateurs au port d'Oran et léser ainsi le Trésor public. "Si j'ai décidé de parler, ce qui m'a valu des menaces et mon licenciement, c'est parce que nous avons les preuves et les documents de ces cas de corruption." Et de citer à titre illustratif l'exemple de "facturation pour les navires où l'on oublie de comptabiliser les frais d'enlèvement et d'attente des marchandises et l'application des taxes en deçà de ce qui est prévu par la loi". Il rappellera pourtant avoir déposé plainte et transmis à la justice toutes les preuves. "Le rapport d'enquête de la gendarmerie, qui a parfaitement fait son travail, a confirmé tous nos dires", précisera-t-il, et de s'interroger sur le rôle de la justice. Les lanceurs d'alerte interpellent encore une fois le ministre de la Justice pour l'envoi d'une commission d'enquête sur ce qui se passe à la cour d'Oran et défient le ministre des Transports pour qu'il exige un audit indépendant sur la gestion du port d'Oran et tout ce qui s'y passe car, toujours selon Noureddine T., les dossiers qu'il a évoqués ne sont que la partie visible de l'iceberg. Dans la foulée, et face aux menaces et intimidations que subissent les lanceurs d'alerte à Oran, il a été décidé de la création d'un comité de lanceurs d'alerte avec le soutien de la Laddh. D. LOUKIL