L'hôte de la cérémonie, Abdallah Djaballah, n'y est pas allé de main morte avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qu'il accuse ouvertement de privilégier le clientélisme au détriment des intérêts de la nation. Le Front pour la justice et le développement, (FJD), parti islamiste fondé par Abdallah Djaballah a tenu, hier à Alger, son premier congrès, après celui constitutif de 2012. La cérémonie d'ouverture des travaux de cette assemblée partisane, tenue à la Mutuelle des travailleurs des matériaux de construction de Zéralda, a vu la présence de quasiment l'ensemble des leaders des partis islamistes dont le MSP, Ennahda, El-Islah et El-Bina, mais aussi du chef de Talaïe El-Houriat, Ali Benflis, de l'ancien chef de gouvernement, Ahmed Benbitour, ou encore l'ancien ministre, Abdelaziz Rahabi. Une tribune offerte aux intervenants parmi ce panel de politiques se réclamant, tous, de l'opposition, pour descendre en flammes le pouvoir en place auquel ils imputent, exclusivement, la responsabilité de la crise multidimensionnelle qui affecte le pays. Les différents discours étaient, en effet, sans concession avec le régime qu'ils accusent d'encourager la corruption et le clientélisme au lieu construire des institutions fortes et une économie diversifiée. Ahmed Benbitour, qui a ouvert le bal des hostilités envers le pouvoir, a regretté que la crise actuelle affecte le pays à la fois sur les plans social, politique et économique. Socialement, l'ancien chef de gouvernement, sous Bouteflika, déplore l'absence des valeurs collectives, le choix de la violence comme seul moyen de règlement des conflits entre citoyens et entre l'Etat et les citoyens ou encore la généralisation de la corruption. Politiquement, il dénonce "le despotisme des gouvernants qui excluent tous ceux qui refusent d'obéir à leurs ordres et le paternalisme imposé à l'Algérie". Ce qui, dit-il, a conduit à la fragilisation des institutions et, donc, à la déliquescence de l'Etat. Enfin sur le plan économique, M. Benbitour reproche au pouvoir incarné par le président Bouteflika, d'avoir échoué à créer une économie diversifiée en comptant exclusivement sur la rente pétrolière dont le déclin des recettes, ces dernières années, a provoqué un déficit du budget de l'Etat estimé à plus de 30 milliards. Abondant dans le même sens, Ali Benflis accuse le pouvoir d'avoir toujours œuvré à "casser" les partis politiques de l'opposition, les syndicats autonomes et les organisations n'obéissant pas aux ordres des gouvernants. Il dénonce la répression des derniers mouvements de protestation dont celui des médecins résidents. Pour lui, le règlement des conflits sociaux et même politiques devait se faire par le dialogue et non pas par la répression et la casse. Il a réitéré à ce titre son appel à l'ouverture d'un dialogue national inclusif. Sans quoi, avertit-il, le pays ne sortira jamais de la crise. M. Benflis juge que "seul un dialogue élargi à tous les partis politiques et à l'ensemble des organisations, lequel devra aboutir à l'organisation des élections transparentes et honnêtes, permettra à l'Algérie de sortir de la crise". À son tour, Abdallah Djaballah n'y est pas allé de main morte avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qu'il accuse ouvertement de privilégier le clientélisme au détriment des intérêts de la nation. Pour lui, Bouteflika "n'a pas la capacité de gouverner l'Algérie". "Depuis 1999, j'ai toujours été contre cet homme qui n'a pas la capacité de gouverner notre pays", a-t-il rappelé, en marge des travaux du congrès. Dans son discours inaugural, M. Djaballah a, par ailleurs, tenté de tempérer ses ardeurs vis-à-vis de la communauté berbère en soulignant que "les Amazighs et les Arabes ont un passé et un présent communs et appartiennent à la même nation". Ceci, tout comme il n'a pas manqué de tendre la main à l'ensemble des partis de l'opposition en vue de constituer un front commun pour tenter de provoquer le changement tant souhaité. Farid Abdeladim