L'élection présidentielle du printemps 2004 squatte les espaces médiatiques, depuis au moins neuf mois. Même si certains chefs de partis politiques, à l'instar d'Ahmed Ouyahia, n'ont eu de cesse de répéter qu'il n'était pas judicieux d'engager prématurément un débat sur ce rendez-vous électoral, il devenait de plus en plus difficile d'évacuer le sujet dès la tenue du congrès du FLN, en mars 2003. à cette occasion, ce qui était qualifié de simples conjectures de journalistes, est révélé à l'opinion publique dans ses aspects les plus dramatiques. La fracture entre le président de la République Abdelaziz Bouteflika et son chef du gouvernement Ali Benflis est loin d'être une vue de l'esprit. Pendant plusieurs semaines, la guerre larvée entre le secrétaire général du Front et le cercle présidentiel, sous le couvert du mouvement de “redressement” dirigé par Abdelaziz Belkhadem, a dominé l'actualité nationale. Peu à peu, l'attention de l'opinion publique, et par voix de conséquence celle des médias, s'est tournée vers d'autres évènements liés, de près ou de loin, à la présidentielle de 2004. Timidement, des prétendants à la magistrature suprême se déclaraient. L'ex-député Abdesslem Ali Rachedi a annoncé sa candidature, de même que Nacer Boudiaf, fils du président du HCE (Haut conseil de l'état), Mohamed Boudiaf, assassiné en juin 1992. Le président du mouvement El-Islah, Abdallah Djaballah, a également laissé entendre lors d'une conférence de presse animée au siège de son parti, en juin dernier, qu'il briguera, pour la seconde fois, un mandat présidentiel. L'été a été indéniablement chaud en scandales politiques. Le ministre d'état, ministre de l'Intérieur, réputé fidèle allié du président Bouteflika, est accusé de tortures contre un ancien moudjahid qu'il aurait dépossédé de sa pharmacie. La presse a déterré, à la même période, le dossier des biens bradés du ministère des Affaires étrangères, département dirigé par Abdelaziz Belkhadem, celui-là même qui escompte récupérer le FLN pour le mettre au service du chef de l'état. La justice s'est alors acharnée contre certains titres de la presse nationale. Loin de faire amende honorable, ces derniers ont décuplé leurs efforts à vilipender tous les gestes et faits du président de la République et de ses partisans. Une démarche qui découle d'un objectif d'empêcher coûte que coûte Abdelaziz Bouteflika, comptable d'un bilan désastreux au regard de nombreux acteurs politiques, à diriger les affaires de l'état jusqu'au 2009. Ali Benflis, compagnon d'hier devenu principal adversaire de Bouteflika, a profité de la majorité détenue à l'APN par son parti, pour programmer une révision de la loi électorale proposée par le mouvement El-Islah. Ce texte, actuellement en phase d'adoption par l'Assemblée nationale, a ouvert un énième front entre l'opposition et le gouvernement, totalement acquis au premier magistrat du pays depuis le 19 décembre dernier. Le RND, qui a entretenu longtemps le suspense sur sa position par rapport au scrutin présidentiel, a fini par déclarer publiquement son soutien à la candidature de Bouteflika. Dans le même temps, de plus en plus de personnalités indépendantes, parmi lesquelles le général à la retraite Rachid Benyellès et Ahmed Benbitour, annoncent leurs candidatures à la présidentielle. D'autres, à l'instar de Mouloud Hamrouche, Taleb Ibrahimi ou encore Si Ahmed Ghozali, investissent discrètement le débat public. L'année 2003 s'achève par les élections sénatoriales, qui confirment la désarticulation de la classe politique et le verdict rendu dans l'affaire du FLN. S. H.