Le salon a organisé des rencontres-hommages à d'illustres personnalités, notamment Mouloud Mammeri, Mahmoud Darwish, Nourredine Saadi... et tant d'autres, à travers des séances de lecture de leurs textes ou de leurs poèmes. Ce 24e Maghreb des livres 2018 de la ville de Paris a connu une version autre que les éditions précédentes. Il s'est vu enrichi de la littérature et de l'histoire du Moyen-Orient. Les deux associations Coup de soleil et l'iReMMO ont travaillé ensemble cette année pour donner naissance à ce 1er Maghreb-Orient des livres qui a permis d'élargir les horizons et "d'approfondir notre connaissance de la région et de ses évolutions contemporaines à travers la richesse et la diversité de ses expressions écrites (fictions et essais)". Le fait de réunir autant de richesses pérennisées par l'écrit a permis aux uns de connaître les publications des autres. Des auteurs encore vivants, déambulant à travers l'immense librairie de ce bel espace d'exposition qu'est l'hôtel de ville de Paris, signant leur nouveauté ou participant à une rencontre-débat au grand plaisir de leurs lecteurs, mais aussi des écrivains qui ne sont plus de ce monde mais qui restent éternels et sont inoubliables grâce à la richesse livresque qu'ils nous ont laissé en héritage. L'âme de Nourredine Saadi et de Gilbert Meynier, illustres auteurs et fidèles amis de ce rendez-vous culturel incontournable, récemment disparus, planait au-dessus des têtes, comme voulant encore assister à l'événement. D'autres auteurs disparus y ont été "conviés" en signe d'hommage à leur talent et de reconnaissance pour ce qu'ils nous ont appris à travers des séances d'hommages et des lectures de leurs textes ou de leurs poèmes. Ainsi étaient "présents" à cette première édition du Model aussi bien Mouloud Mammeri que Mohamed Charfi, Mahmoud Darwish, Maurice Audin, Mohammed Dib, Albert Camus et Mohamed Leftah. Des lectures poétiques et littéraires ont aussi agrémenté ces moments d'émotion et de partage grâce aux textes revisités de Mouloud Feraoun, Abdelwahab Meddeb, Abdelkébir Khatibi ou Driss Chraibi. Il va sans dire que cette nouvelle mouture du Salon ne pouvait passer sans évoquer la Palestine, la douleur de son peuple et son combat continu pour sa liberté et la reconnaissance de son Etat qui lui revient de droit. La rencontre-hommage au grand poète de la "Nakba", l'illustre Mahmoud Darwish, a connu un franc succès, et la salle archicomble a vibré au son de la belle poésie en arabe, lue par Rima Slimane, puis en français (traduction d'Elias Khoury) lue par Darina el-Djoundi. Un fort moment d'émotion à la lecture de Comme des fleurs d'amandiers ou plus loin, Ils ne se retournent pas ou encore Il est paisible, moi aussi. L'évocation du travail remarquable fourni par le défunt Mouloud Mammeri pour la sauvegarde du patrimoine berbère et surtout pour la revendication de cette "berbérité ouverte au monde" comme l'a si bien souligné l'intervenante Tassadit Yacine a été aussi un moment fort de ce salon. Animée par Hafid Adnani, la rencontre-débat qui a réuni aussi Hervé Sanson et Abdelhak Lahlou a voulu revenir aux textes fondateurs, réformateurs et puissants du père de La colline oubliée, qui a toujours prôné la berbérité non cloisonnée à nos frontières algériennes ou maghrébines, s'étalant dans le monde entier, mais aussi qui a toujours été pour la richesse culturelle et l'utilisation de la langue française comme "langue libératrice", sans pour autant renier ses origines ou délaisser sa langue maternelle. Beaucoup a été dit lors de ce Maghreb-Orient 2018, mais beaucoup plus reste à dire, en Algérie, au Maghreb, en Orient, et partout ailleurs... S. B.-O.