Dans une déclaration à Liberté, l'ex-président de la Ligue du football professionnel, Mahfoud Kerbadj, a défié le président du directoire, Amar Bahloul, de rendre publiques les conclusions de l'audit ordonné récemment par la FAF sur les comptes de la ligue. "J'ai entendu dernièrement Amar Bahloul, président du directoire, parler d'un audit sur la ligue. Je pense que c'est une très bonne chose pour peu que ce genre d'enquête de transparence s'étale à toutes les structures du football, y compris la FAF. Moi personnellement, j'exige à ce que les résultats de cet audit soient rendus publics, car certaines personnes malintentionnées essayent à travers cet audit d'insinuer qu'il y a des choses pas très nettes dans les comptes de la LFP. C'est grave et inadmissible. Je sais qu'il n'y aura rien, car cela fait au moins 20 ans que je suis à la tête de l'imprimerie officielle et personne n'a trouvé à redire sur ma gestion. Maintenant, il faut pousser cet audit à l'ensemble des ligues et de la FAF pour gagner en crédibilité, car j'ai plus l'impression que cet audit sert de diversion à ceux qui redoutent le recours que nous avons déposé au TAS", confie Kerbadj à Liberté. Et d'ajouter : "Je demande aussi que l'audit concerne également la ligue d'El-Tarf, toujours présidée par Amar Bahloul, qui avait connu à ma connaissance des difficultés dans un passé récent et qui n'a pas reçu curieusement la visite de la commission d'enquête de la FAF." Prié de commenter les déclarations de Amar Bahloul au sujet de la non-conformité des statuts de la LFP avec les lois 13-05 (sur le sport) et 12-06 (sur les associations), Kerbadj répond : "Cette mise en conformité pose deux problèmes : primo : le MJS et la FAF ont rendu public le 10/4/2016 un document portant statut type des ligues sur la base duquel toutes les ligues ont travaillé pour élaborer leurs statuts. Ce document signé par l'actuel ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, n'a-t-il donc aucune valeur juridique aux yeux du ministère de l'Intérieur ? Secundo, pourquoi la FAF a attendu tout ce temps pour opérer une mise en conformité des statuts de la LFP alors qu'elle était consciente de sa soi-disant illégalité depuis l'arrivée de Zetchi à la tête de la FAF le 20 mars dernier ? Pis, la FAF a organisé récemment les élections de la ligue régionale de Constantine avec ces mêmes statuts dépassés, ce qui prouve qu'elle a fermé les yeux sur cet état de fait. En vérité, il s'agit là d'une agitation pour faire diversion suite au recours que nous avons déposé au TAS." Par ailleurs, Kerbadj est revenu sur sa décision de déposer un recours au TAS : "Je répète que j'ai décidé de saisir le TAS pour contester la démarche de la FAF en ce qui concerne le changement de délégation de signature. C'est notre droit. Cependant, je dois préciser que je ne le fais pas pour revenir à mon poste, j'étais partant et démissionnaire de la LFP bien avant que la FAF ne prenne sa décision. J'ai d'ailleurs informé le ministre de la Jeunesse et des Sports de ma volonté de démissionner, sans créer de problèmes. M. El-Hadi Ould Ali l'a d'ailleurs confirmé en marge du tirage au sort de la Coupe d'Algérie. En revanche, je suis contre cette façon d'expédier les choses et de maltraiter des responsables qui ont servi le football algérien. La passation de pouvoirs doit respecter une procédure réglementaire que la FAF et le MJS doivent savoir. Maintenant, cela ne sert à rien de tenter de faire pression sur le TAS, c'est un organe souverain qui doit statuer en toute liberté. À ce titre, cela me désole d'entendre le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, qualifier notre recours au TAS de regrettable et qu'il ne servira pas l'intérêt du football algérien, comme si les abus de pouvoir pouvaient le faire. C'est une prise de position flagrante dans un conflit qui ne le concerne pas. Pourtant, il y a quelques jours, Ould Ali disait que c'était de mon droit de saisir le TAS. Pourquoi a-t-il changé finalement d'avis ?" Le recours au Tribunal arbitral des sports d'Alger (TAS) par le conseil d'administration de la Ligue de football professionnel (LFP), présidé par Mahfoud Kerbadj, destitué par une décision du bureau fédéral de la FAF, est tout à fait légal vis-à-vis de la loi. En effet, le décret exécutif 16-153 du 23 mai 2016 fixant les dispositions statutaires relatives aux dirigeants sportifs bénévoles élus évoque justement ce droit. "Toute mesure disciplinaire ou sanction prise à l'encontre du dirigeant sportif bénévole élu peut faire l'objet de recours, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur", stipule l'article 19 du décret en question. D'ailleurs, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, avait affirmé que si la décision de la FAF est à ses yeux "légale", il n'en demeure pas moins que Kerbadj avait "le droit de saisir le TAS". Le recours au TAS est également garanti par les statuts de la FAF. S. L.