Après une absence de cinq années, l'ONG de défense des droits de l'homme Amnesty International (AI) est de retour en Algérie pour une mission d'information. Arrivée vendredi soir, une délégation de cette organisation, conduite par deux anglais et dont d'autres membres sont attendus pour les prochains jours, a rencontré hier à Alger l'association SOS Disparus, présidée par Mme Fatma Yous. Au menu de cette rencontre, la première d'un agenda fort chargé : la question des disparus. “Nous leur avons exposé nos préoccupations et ils ont pris note”, a indiqué Mme Yous, jointe par téléphone. Mais il n'y a pas que cette question qui figure dans le programme des pourparlers envisagés par AI avec les acteurs de la société civile, notamment les familles des disparus, les familles victimes du terrorisme ainsi que les partis politiques. Point focal et qui ne manquera sans doute pas d'intérêt, la question de l'amnistie générale pour laquelle l'ONG de défense des droits de l'homme ne se montre pas particulièrement chaude. Dans une déclaration signée conjointement avec la fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et Human Rights Watch (HRW) datée du 14 avril, AI avait mis en garde les autorités algériennes contre l'impunité dont peuvent bénéficier les auteurs du crime durant la décennie écoulée dans le cadre de l'amnistie générale. “La proposition par le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, d'une amnistie générale pour les auteurs d'atteintes aux droits humains commises lors du conflit interne, qui a ravagé le pays, pourrait priver définitivement les victimes et leur famille de leur droit à la vérité, à la justice et à des réparations”, avaient averti ces ONG. Il s'agit donc pour cette ONG, qui a obtenu son visa récemment après un refus des autorités algériennes en décembre dernier, à travers cette visite de voir de visu et de prendre le pouls des divers segments de la société par rapport à la question d'amnistie dont tout le monde parle, mais bien peu en connaissent la teneur. A contrario, le geste concédé par Alger, à travers le président du comité ad hoc sur les disparus, Me Farouk Ksentini, lequel avait confirmé depuis Bruxelles que les ONG “étaient les bienvenues”, s'apparente à une volonté de “transparence”, mais aussi de “vendre le produit” d'autant qu'on estime ici “qu'il y a une amélioration de la situation des droits de l'homme”. Reste seulement à savoir quel sera l'impact des témoignages des uns et des autres autour de la situation des libertés, particulièrement la liberté de la presse, le maintien de l'état d'urgence et les droits de l'homme de façon générale sur l'appréciation de AI. De son rapport dépendra en partie le regard que portera l'opinion internationale sur les droits de l'homme en algérie. K. K.