Les distributeurs de lait en sachet de 25 DA soutiennent, mordicus, que la réduction des quotas de poudre affectés aux laiteries publiques et privées depuis au moins deux ans est à l'origine des perturbations enregistrées sur le marché national. Les quantités réservées aux producteurs laitiers ont été, selon eux, bel et bien limitées. Le meilleur exemple illustrant cette mesure prise, affirment-ils, par l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), est celui du complexe "Colaital" de Birkhadem. Cette usine a vu son approvisionnement en poudre de lait réduit de 300 tonnes. Habituée à recevoir jusqu'à 1 500 tonnes, sa quote-part a été revue à la baisse, il y a plus de deux ans, pour se situer aux environs de 1 200 tonnes. Ce qui, par conséquent, a fait baisser sa production, évaluée auparavant à un million de litres/jour, de 25%. Compte tenu de l'important apport de cette unité sur le marché, notamment dans la capitale et sa périphérie, cette diminution a provoqué des dysfonctionnements dans le dispositif allant jusqu'à créer une véritable pénurie du produit. Si elle assurait une offre quotidienne pour quelque 10 millions de consommateurs à Alger, avec cette baisse, plus de 2,5 millions en seront privés. Ce constat établi par Amine Bellour, président de la commission nationale des distributeurs de lait relevant de l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca), vient contredire clairement les déclarations de la direction générale de l'Onil qui insiste sur le maintien des mêmes contingents au profit des transformateurs. Le gérant d'une laiterie à Chéraga ne reçoit que l'équivalent de 12 000 litres/jour de poudre soit 32 tonnes /mois seulement, alors que dans les années 2000 son quota dépassait les 55 000 litres. Les méfaits de la crise financière et la décision prise par le gouvernement de réduire au maximum les importations semblent être les deux raisons essentielles qui auraient poussé l'Onil à restreindre les parts dédiées aux laiteries. Or, la demande nationale ne cesse d'évoluer d'année en année. "De nombreuses cités, toutes formules de logements confondues, ont été construites dans des communes qui avaient un taux de croissance démographique faible. Le peuplement remarquable de ces villes à travers les diverses opérations de recasement des habitants des bidonvilles et l'installation des souscripteurs AADL et LPP sur leurs sites a engendré une forte demande exprimée par des consommateurs de plus en plus nombreux", souligne M. Bellour dans une conférence-débat organisée hier par l'Anca. La restriction étant effective déjà depuis l'usine, ces distributeurs sont dans l'obligation de répartir la quantité dont ils disposent sur tout le réseau épiceries. La parade trouvée est de réduire leur quotité ou de ne les approvisionner qu'un jour sur deux. Parmi ces épiciers, il y a ceux qui préfèrent recevoir la quantité des deux jours à la fois. Conséquence : le consommateur ne trouvera pas de lait chez ce détaillant le lendemain. L'autre facteur de la crise, évoqué par le chef des distributeurs, a trait à la baisse du nombre de points de vente à approvisionner. Pour lui, certains commerçants ont préféré abandonner carrément la vente de lait vu la faible marge bénéficiaire perçue (90 centimes/litre) et surtout à cause des problèmes qu'ils vivent tous les jours avec leur clientèle. B. K.