La perturbation de la distribution du lait en sachet, depuis plus d'une semaine, accentuée depuis le début de Ramadhan, n'est pas causée par une grève des distributeurs mais par un déficit en production. A Alger ou dans les autres wilayas, c'est le déficit en production qui est à l'origine de cette perturbation, selon des distributeurs. Dans la capitale, au niveau du complexe laitier, Colaital, la production du lait conditionné en sachet de 25 DA/litre est inférieure aux besoins de la population, estimés à 500 000 litres/jour, a indiqué hier à Alger Amine Belour, président de la Fédération des distributeurs de lait d'Alger, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). «La dernière protestation des distributeurs a eu lieu il y a six mois», s'est défendu M. Belour, notant que «si nous décidions d'observer une grève, nous allons émettre un préavis d'avis conformément à la réglementation». Il accuse par contre le complexe Colaital de produire des volumes de lait en sachet inférieurs aux besoins de consommation. La production actuelle de Colaital ne couvre pas la totalité des besoins de consommation, a-t-il insisté, évaluant le déficit à Alger à 180 000 litres par jour tandis que la production est de 300 000 litres/jour. Il considère que les récentes déclarations du PDG du groupe Giplait, société mère de Colaital, à propos d'une hausse de 20% de la production du lait conditionné de 25 DA/litre sont «théoriques». «Il y a un déficit de production», a-t-il ajouté. M. Belour réfute également les accusations de certains, selon lesquelles les distributeurs revendent le lait directement aux citoyens au lieu de le distribuer aux commerçants d'alimentation générale. Une marge de 0,75 DA/l insuffisante Sofiane Yahiaoui, membre de la fédération, a souligné de son côté que «si nous vendons directement le lait aux citoyens, cela signifiera que les besoins sont couverts», ce qui écarterait une crise d'approvisionnement. A propos d'un éventuel détournement par des crémeries du lait en sachet subventionné pour produire du petit-lait, très demandé durant le mois de carême, il a reconnu l'existence de quelques cas, mais a préféré minimiser l'impact d'une telle pratique car l'ensemble des crémeries ne vendent que 40 000 litres/jour en termes de petit-lait. Il a mis en avant, par contre, les difficultés rencontrées par les distributeurs pour s'approvisionner au niveau de Colaital. «Nous attendons 12 heures en moyenne pour avoir notre quota quotidien, variant entre 4000 et 5500 litres de lait», a-t-il déploré. Chaque jour, une moyenne de 15 distributeurs ne réussit pas à obtenir leurs quotas en raison de l'épuisement des quantités produites. Le groupe Giplait a une capacité de production de 850 millions de litres par an en lait conditionné en sachet, selon les données fournies par le DG. Mais les différents problèmes, comme les pannes et les coupures d'eau, influent sur les capacités de l'usine qui nécessite un renouvellement de ses équipements, estiment des distributeurs. Les 115 distributeurs conventionnés avec Colaital souhaitent, à cet effet, la levée des différentes contraintes rencontrées pour obtenir leurs quotas et revendiquent une hausse de leur marge bénéficiaire fixée, depuis 17 ans, à 0,75 DA/litre. L'ensemble des charges ont augmenté tandis que la marge reste inchangée, ce qui est inadmissible, selon eux.