En partenariat avec la Fédération nationale des chasseurs et de la direction générale des forêts, le commandement de la Gendarmerie nationale de la 6e région militaire à Tamanrasset organise, du 13 au 14 du mois en cours, un atelier régional en réponse à la gravité croissante du braconnage et du trafic d'espèces protégées en voie de disparition. Cette rencontre, qui sonne comme une réaction à l'amplification de ce phénomène et aux menaces posées par les réseaux criminels qui le pratiquent, a été une occasion pour débattre de ce fléau. Evoquant le cadre juridique de la protection des espèces animales en Algérie, la sous-directrice de la protection des richesses animalières auprès de la direction générale des forêts, Dr Wahida Boussekine, a d'emblée sonné le tocsin face au phénomène du braconnage, étant une pratique criminelle qui entrave les stratégies de développement durable et avorte les efforts déployés dans le cadre de la préservation des ressources nationales et la promotion l'écotourisme en Algérie. "Nous avons 23 espèces qui sont menacées de disparition en Algérie, dont la gazelle, le fennec, les reptiles, la tortue et les rapaces. Le trafic de ces espèces, censées être protégées, est classé 3e dans le monde après le trafic d'armes et de drogue. C'est une activité lucrative qui génère beaucoup d'argent de par le monde", s'alarme Dr Boussekine qui a fait état de plus de 21 000 animaux, toutes espèces confondues, braconnés en 2017 en Algérie. En mettant en garde contre la manipulation via les informations distillées sur les réseaux sociaux et les images illustratives de la chasse illicite qui seraient prises ailleurs, l'intervenante a invité la société civile à s'impliquer davantage dans la lutte contre ce phénomène. Le représentant du DGF, Mohamed Abbès, a, de son côté, mis en exergue la nécessité d'intensifier les campagnes de sensibilisation et de vulgarisation pour parvenir à mettre un terme à ce fléau menaçant. Dans son allocution, M. Abbès a émis le désir de donner à cet atelier, qui en est à sa 4e édition, une dimension nationale avant de revenir sur l'affaire de Béchar, relative à la chasse illicite et exagérée de 38 gazelles, dont 16 femelles enceintes. Pour sa part, le commandant régional de la gendarmerie de Tamanrasset, le colonel Abdelkrim Ramli, a insisté sur l'importance de ce genre de manifestations qui offrent l'opportunité d'explorer la possibilité d'établir un réseau régional pour l'application de la loi en matière d'environnement et de faune en déterminant le rôle des acteurs dans la mise en place d'une assise nationale visant à protéger les espèces en voie de disparition. De gros moyens ont été ainsi déployés par le haut commandement de la Gendarmerie nationale afin de faire aboutir cette stratégie. Les statistiques avancées par le commandant Abdelhamid Ghaiboub font ressortir 6634 interventions liées à la protection de l'environnement en 2017. En tout, 7 brigades et 3 cellules techniques ont été créées à cet effet. Durant l'année précédente, 17 352 affaires dans lesquelles étaient impliquées 6604 personnes ont été traitées par ces brigades ayant dressé 2432 contraventions. Les mêmes services ont relevé 1650 patrouilles, 1227 campagnes de sensibilisation, 669 interventions techniques et 656 commissions sectorielles relatives à l'environnement et à la protection de l'écosystème. RABAH KARÈCHE