Résumé : Ilham dévoile à sa mère qu'elle n'aimait pas son père. Anissa est choquée. Cependant, elle reconnaît que Mourad n'avait jamais été proche de sa fille. Ilham était traumatisée. Anissa repense aux circonstances de son mariage avec Mourad. Lorsque la famille de ce dernier était venue demander sa main, ses parents l'avaient exhortée à accepter. Pourtant, cet homme n'était pas à la hauteur de ses aspirations. Depuis son adolescence, comme toutes les filles de son âge, elle avait rêvé du prince charmant, qui se présentera sur son cheval blanc pour l'emmener au royaume des rêves. Plus tard, comprenant que les princes n'existaient que dans les contes de fées, elle s'était résignée à attendre que son destin se manifeste sous de bons auspices. Elle clôture son processus universitaire et entame une carrière dans l'informatique. Le mariage, pour elle, semblait encore loin. Pourtant, elle espérait fonder son foyer et avoir des enfants avant ses quarante ans. Elle avait déjà dépassé 30 ans, et sa famille désespérait de la voir casée. Pourtant, il y avait bien eu quelques prétendants. Seulement, aucun d'eux n'avait pu l'accrocher. La jeune femme occupait un bon poste, avait son salaire, sortait, voyageait, se permettait de beaux vêtements, passait chez son coiffeur deux fois par semaine, était abonnée dans une salle d'aérobic de son quartier, et s'adonnait aussi à son plaisir favori, la lecture. Grâce aux livres qu'elle s'achetait à chaque fin de mois, elle pouvait s'évader et enrichir sa culture générale. Mais ses parents voyaient tout ça d'un œil critique. Une fille de son âge devrait plutôt penser à son avenir. Et bien sûr pour eux, une femme n'avait d'autre alternative dans cette vie que de fonder un foyer et d'avoir des enfants. Toutefois, Anissa savait les raisonner en leur citant des exemples assez concrets de filles de leur famille, qui avaient abandonné études et boulot pour se marier, signant par là l'acte de leur échec scolaire et professionnel et bradant leur vie pour des promesses qui n'étaient que chimères. À peine mariées, elles se rendaient à l'évidence que ces hommes qu'elles avaient épousés étaient loin d'être des maris idéaux et n'avaient fait que les leurrer par des engagements éphémères et loin d'être respectés. Pis encore, ils s'étaient avérés être de vrais monstres. Soumises, battues, humiliées et traînées dans la boue, elles étaient revenues bredouilles chez leurs parents, avec des enfants sur les bras, et le sobriquet de femmes divorcées. Une tare dans une société qui ne lève l'index que pour accuser. Par ces arguments, Anissa avait pu convaincre ses parents de la laisser en paix. Elle estimait qu'elle était encore jeune, et qu'un jour son mektoub viendra taper à la porte, sans qu'elle le provoque.Et ce jour arriva bien plus tôt qu'elle ne le pensait. C'était un vendredi. Après la prière de la mi-journée, son père était rentré de la mosquée avec cet air sérieux qui dénotait chez lui une profonde préoccupation. Il s'enferma pour le reste de la journée au salon et demanda à sa femme de le rejoindre, avec un café bien corsé. En début de soirée, Anissa, qui était occupée à repasser dans sa chambre, fut étonnée de voir sa mère débrancher le fer à repasser et lui demander de s'asseoir, car elles devaient discuter d'un sujet assez sérieux. La jeune fille, sa curiosité piquée à vif, s'assoit sur son lit et attend que sa mère prenne place près d'elle avant de poser la question qui lui brûlait les lèvres. -Que se passe-t-il, mère ? Tu as l'air d'un rescapé qui vient d'échapper à un incendie. -Tu peux le dire, Anissa. Mais en guise d'incendie, c'est toi qui me cause davantage de tourments. Si bien que je passe des nuits blanches à broyer du noir. -Qu'ai-je donc fait pour te provoquer ces nuits blanches et ces tourments ? -Rien, bien sûr. Tu ne peux pas comprendre les préoccupations majeures d'une mère qui ne peut s'empêcher de penser à l'avenir de ses enfants. (À SUIVRE) Y. H.