Liberté : M. Hadadj, la presse a révélé aujourd'hui (hier, ndlr) que vous avez démissionné de la commission de discipline de la FAF. Confirmez-vous l'information ? Hamid Hadadj : Tout d'abord, je tiens à préciser deux choses. Primo : il ne s'agit pas d'une démission mais d'un retrait car nous parlons là d'un organe juridictionnel de la FAF dont les membres sont désignés par la fédération. Secondo : ce sont tous les membres de la commission qui ont décidé d'un retrait collectif après avoir tenu à examiner tous les dossiers en suspens, notamment ceux ayant trait aux affaires disciplinaires engendrées par les dernières journées du championnat des Ligues 1 et 2. Nous avons toujours tenu à prendre des décisions conformément au code disciplinaire de la FAF après avoir entendu toutes les parties concernées. Nous partons donc avec le sentiment du devoir accompli et la conscience tranquille. Quelles sont les raisons qui ont motivé ce retrait ? Des raisons, ma foi il y en a eu beaucoup, mais pour répondre à votre question, je dirais que c'est là le résultat d'un cumul et la conséquence logique de conditions de travail qui devenaient de plus en plus difficiles et d'une atmosphère délétère. C'est une décision qui n'est dirigée contre personne, mais le fruit d'une conviction profonde que nous ne pouvons pas servir le football algérien en gardant nos postes. En fait, nous sommes partis dans l'intérêt du football algérien. M. Hadadj, nous avons révélé il y a quelques semaines que vous avez pris la décision de quitter votre poste juste après la destitution de M. Mahfoud Kerbadj. Pourquoi avoir attendu tout ce temps-là pour concrétiser votre démission? Il est vrai qu'après la décision de la FAF du retrait de la délégation à la LFP, j'avais tout de suite conclu à un grave problème de visibilité par rapport à cette mesure. La FAF a décidé de destituer Kerbadj alors qu'elle n'avait aucune feuille de route pour la suite des événements. Au moment où il n'y avait aucune urgence, la FAF a installé un directoire alors que le bon sens aurait voulu que la LFP organise d'abord son assemblée générale bilan pour restituer la souveraineté à l'AG. Cependant, nous avons préféré temporiser dans l'intérêt de la FAF pour connaître la suite des événements et justement les jours suivants nous ont confortés dans notre décision de nous retirer. Il y a eu d'abord cette accusation gratuite de la FAF comme quoi nous avons mis beaucoup de temps pour traiter l'affaire ASAM-WAT alors qu'il s'agissait d'une affaire complexe. Ensuite le verdict de la commission de recours concernant cette affaire que personnellement je n'ai pas compris. C'est un verdict qui m'a laissé perplexe, et pour un juriste, j'ai du mal à comprendre que cette décision ne puisse pas avoir un fondement juridique. Il y a eu aussi l'affaire ESS-USB concernant le joueur Mebarki que le bureau fédéral a examinée en dehors de son cadre légal, c'est-à-dire la commission de discipline. Je dois préciser que tout cela, je l'ai dit à qui de droit avant de remettre le tablier.
Ces remises en cause ne sont-elles pas en fait l'interprétation d'un déficit de confiance de la part de la FAF ? Je ne vois pas les choses de cette façon car si la FAF ne voulait plus de nous, elle nous l'aurait signifié clairement. Cela n'a jamais été le cas, du moins jusqu'à maintenant. Mais je ne vous cache pas que certains membres qui sont avec moi dans la commission de discipline ont eu cette réflexion légitime : mais qu'est-ce qu'on attend M. Hadadj, qu'ils nous foutent dehors, c'est cela, m'a-t-on confié. Je crois que cela veut tout dire.
La FAF a-t-elle essayé de vous faire changer d'avis par rapport à ce retrait ? J'ai reçu un coup de fil dimanche soir d'un membre du directoire qui cherchait plutôt à connaître les raisons de notre décision, je pense que c'est une initiative personnelle pas plus, mais la FAF n'a pas officiellement réagi pour le moment. Votre retrait est-il irréversible ? Je préfère ne pas répondre à cette question.