L'APN a adopté le 20 février dernier le projet de loi sur l'e-commerce électronique stipulant, entre autres, que les web marchands souhaitant vendre sur internet auront doivent héberger leur site web en Algérie et être inscrits au registre de commerce. Pour aborder ces "nouveautés", la Rédaction Digitale de "Liberté" (#RDL) a rencontré Iheb TEKKOUR, co-fondateur de Digitalex, entreprise spécialisée dans le développement de solutions Geo marketing. Entretien réalisé par Imène AMOKRANE
Rédaction Digitale de "Liberté" (#RDL) : Que va apporter, selon vous, la loi sur l'e-commerce électronique à l'économie algérienne ? Iheb TEKKOUR : Il faut juste voir l'exemple qui est très récent, celui de la fin d'année 2017. Il y avait le black Friday et le géant « Alibaba » a généré au bout de 24h un profit équivalent au PIB de l'Afghanistan. En Algérie ça va donner un énorme espoir aux jeunes. L'e-commerce va permettre également la création de l'emploi et des métiers qui ont un lien avec le numérique. Certes, la loi faisait peur au départ, car les gens qui l'ont fait c'est des procéduriers qui ne maitrisent pas vraiment l'e-commerce et se basent sur l'aspect purement commercial Maintenant il faut faire beaucoup de pédagogie et rassurer les gens en leur expliquant les enjeux. Il faut aussi leur expliquer que le fait de payer par internet, par TPE ou par des outils électroniques ce n'est pas du tout s'exposer et puis le risque zéro n'existe pas. Au même temps, ce n'est pas une ouverture totale, au contraire c'est un moyen de contrôle de son budget. Le paiement électronique permet également de réduire le problème de fraude et la circulation des faux billets. En plus de réduire la fâcheuse manie en Algérie de circuler avec les billets ce qui nous rend un peu différent des autres pays. Sans oublier d'expliquer que posséder une carte bancaire « Edahabia » ne permet pas d'acheter sur Amazon ou eBay, là il faut avoir une carte visa « Master Card » ou autres. Ces cartes sont commercialisées par les banques algériennes. Ce texte de loi stipule que l'inscription au registre du commerce et la mise en ligne d'un site web hébergé en Algérie sont deux conditions sine qua non pour l'e-commerce, alors que la plupart des sites algériens sont hébergés à l'étranger ... C'est une des problématiques. On le voit sur le terrain. La qualité de l'hébergement en Algérie laisse à désirer et ce n'est pas judicieux de l'avoir conditionnée. Je pense qu'actuellement, on n'a pas les moyens de notre politique, car la qualité du .DZ est encore sous l'emprise de CERIST. Elle n'est pas encore démocratisée. Sans oublier que la majorité des entreprises hébergent leur site à l'étranger. D'ailleurs, récemment il y avait une panne chez OVH et pratiquement 70% des sites internet algériens étaient inaccessibles. C'est donc un projet mort-né! Je pense que maintenant il faut se donner les moyens de sa politique. A l'heure actuelle on n'a pas les moyens de cette politique, car le service n'est pas à la hauteur de la demande. Ce n'est pas normal que des développeurs préfèrent payer en devises des services à l'étranger s'il y avait des services disponibles en Algérie. Demander aux gens d'aller sur l'e-commerce et ne pas fournir de moyens d'hébergement ce n'est pas logique. Leur demander d'aller vers le .DZ alors qu'il est encore régi par des contraintes bureaucratiques ce n'est pas logique aussi. Cependant, obliger les gens à aller vers la certification est tout à fait normal pour sécuriser les transactions entre le site et la plateforme de paiement, mais malheureusement on n'a pas d'organisme de certification en Algérie. L'organisme existe sur le papier, mais sur le terrain il n'est pas actif. Le projet de loi n'a également pas abordé le sujet des points relais qui est très important pour l'e-commerce. C'est un métier à part pour permettre aux gens de récupérer leur marchandise sans le recevoir forcément à la maison. Donc, qu'on le veuille ou pas, le futur est numérique et le salue de l'Algérie passera par le développement des nouvelles technologies. On est très en retard par rapport aux autres pays. La ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, Houda Imane Faraoun, a annoncé en octobre 2017 le lancement d'un Data Center. Pensez-vous qu'il pourrait régler le problème de l'hébergement des sites algériens ? J'espère qu'il va être lancé incessamment, parce qu'à l'heure actuelle la majorité des sites sont hébergés à l'étranger, même certains sites officiels. Qu'en est-il de la protection des données ? Le risque zéro n'existe pas, il est par contre très minime. Néanmoins, il faut un organisme qui veille au respect de cette loi, pour que certains sites ne conservent pas les données privées des utilisateurs. @ImeneAmokrane