Les pays Opep et non-Opep vont se réunir en avril prochain à Riyad pour discuter de la politique à suivre afin de rétablir les équilibres du marché pétrolier. Le prochain contrat à terme sur le baril de Brent de mer du Nord (la référence pour le pétrole algérien) a cédé, hier, 3 dollars par rapport au pic des 70,56 dollars atteint, il y a un peu plus d'un mois. Cette tendance à la baisse risque de se poursuivre en raison de la surcapacité actuelle du marché stimulée par la production d'hydrocarbures aux Etats-Unis et en Russie. Depuis le début du mois, le brut américain dépasse la barre des 10 millions de barils/jour grâce aux pétroles de schiste, un niveau jamais atteint depuis que la statistique sur l'évolution pétrolière dans ce pays est tenue de manière hebdomadaire, en 1983. Et, en l'espèce, les Etats-Unis font mieux que l'Arabie saoudite, leader de l'Opep, et dont la production gravite autour de 9 millions de barils/jour. Et ils ont l'ambition, selon l'Energy Information Agency, l'agence fédérale américaine chargée de l'énergie, de détrôner aussi le numéro un, la Russie, dont la production a légèrement augmenté ces deux derniers mois. Devant la progression de cette production, l'Opep a exprimé son inquiétude, invitant ses membres à réfléchir aux moyens d'améliorer la visibilité du marché et d'établir un équilibre adéquat entre l'offre et la demande. Du reste, des pays de l'Opep et des pays qui lui sont extérieurs vont se réunir en avril prochain à Riyad pour discuter de la politique à suivre pour pouvoir y parvenir. Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a évoqué cela, mardi dernier, depuis Tunis, où il a effectué une visite de travail de deux jours. Nous avons besoin d'une "position commune pour savoir ce que nous pouvons faire", a-t-il dit. Le président en exercice de l'Organisation pétrolière, l'Emirati Souhail al-Mazrouei, se montre, lui, confiant, estimant que nous parviendrons à un "équilibre" du marché. L'Opep avait, dans son dernier rapport, revu à la hausse la croissance de l'offre pétrolière des non-Opep pour 2018, croissance qui devrait atteindre 1,4 million de barils/jour (mbj) (contre une croissance de 1,15 mbj attendue le mois dernier) pour atteindre une offre totale moyenne de 59,26 mbj. Elle s'est associée à onze autres producteurs, dont la Russie, pour limiter leur production à 1,8 million de barils/jour et rééquilibrer le marché mondial. Cet accord a été prolongé à deux reprises et doit, actuellement, durer jusqu'à fin 2018. En janvier dernier, l'Opep et ses partenaires ont réduit leur production au-delà de leurs engagements, atteignant un taux de conformité exceptionnel de 133%, selon le Comité ministériel conjoint de suivi de l'accord de réduction de la production pétrolière des pays Opep et non-Opep (JMMC). Ces efforts n'ont, toutefois, pas suffi à faire remonter les cours dans des proportions acceptables. Saïd Beghoul, expert en énergie, estime que les producteurs ne peuvent améliorer les prix de l'or noir que s'ils augmentaient la réduction à plus de 1,8 million de barils par jour, auquel cas, beaucoup de pays pétroliers, dont l'Algérie, risquent de diminuer leurs exportations de pétrole et clôturer l'année avec des revenus en baisse. Il ajoute que si la reconduction de l'accord de limitation de la production se fait avec la même coupe (1,8 mbj), devenue obsolète, les cours risquent de reculer encore. Youcef Salami