Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) vient de finaliser “sa contribution” pour le pacte social et économique du pays, apprend-on, de source proche de cette organisation patronale. Le document, dont Liberté a pu se procurer une copie, présente “les arguments et les points de vue” qui fondent la conception du Forum des chefs d'entreprise concernant le contenu du projet de pacte économique et social ainsi que des propositions relatives aux axes de travail prioritaires susceptibles d'être retenus en vue de l'élaboration d'une matrice d'actions concrètes à réaliser selon un échéancier précis. Le Forum des chefs d'entreprise, nous dit-on, préfère parler de “pacte de stabilisation et de croissance économique”. C'est que de ce point de vue bien qu'ils restent fragiles, les résultats enregistrés par l'économie nationale depuis 2001 en termes de croissance économique sont encourageants. Le Forum des chefs d'entreprise, qui regroupe en son sein des grandes entreprises privées et publiques à l'image de Sim, Fruital, Saïdal, SNVI, Air Algérie, Tonic Emballage, Orascom, KPMG Algérie, considère que la consolidation de ces résultas et l'ancrage d'une croissance forte dans la durée sont à la portée des capacités nationales pour peu qu'elle soit confortée par une politique volontariste en faveur de la modernisation de l'économie, à travers la réhabilitation de l'entreprise. Le Forum des chefs d'entreprise, selon notre source, souligne “la nécessité de traiter en priorité les problèmes économiques pour trouver des solutions structurelles au volet social”. En d'autres termes, il serait déraisonnable de traiter de la question sociale, comme les salaires, en dehors de l'entreprise. Du coup, seule la richesse produite, du point de vue du forum, peut faire l'objet d'une redistribution. Il parait donc essentiel que l'entreprise soit mise au centre des politiques économiques. Le Forum des chef d'entreprise, tout en soulignant “l'évolution considérable” de l'environnement économique de l'entreprise, regrette que celle-ci (l'entreprise) soit encore considérée comme un acteur mineur ou marginal. Le FCE évoque dans sa contribution un environnement où s'exerce des “lois non écrites”, les passe-droits et l'arbitraire fiscal. Le document met en exergue l'urgence de la réhabilitation du rôle de régulation de l'Etat. En matière fiscale, les dysfonctionnements sont mis en évidence depuis longtemps. “Nous sommes loin de la transparence des régimes fiscaux, de leur application juste et uniforme et de leur compatibilité avec les besoins du développement économique national, de la création d'emploi et de l'investissement”, lit-on dans le document. En matière de droit économique, les retards accumulés par notre pays sont immenses, relève le forum. Concernant la concurrence, le forum rappelle l'existence d'une législation moderne depuis 10 ans. Seulement, elle n'a pas été mise en œuvre. “Force et de constater que l'Etat n'a pas mis le minimum de moyens permettant aux entreprises de recourir aux arbitrages mis en place. Bien au contraire, lui-même a continué à maintenir des situations monopolistiques a priori prohibées par la loi sur la concurrence ou à octroyer des ressources aux entreprises, qu'il contrôlait alors que la loi l'oblige en principe à ne faire aucune distinction entre secteur public et secteur privé”, fait-on remarquer. Une concertation, nous dit-on, bien conçue autour du thème de l'entreprise algérienne ne saurait avoir de consistance tant que ces règles de base n'auront pas été mises en place. Le FCE réitère encore une fois le nécessaire modernisation de l'administration économique dépassée par tous les changements qu'elle a pourtant initiés. Le forum dresse un ensemble de griefs : l'absence de toute étude d'impact ou de toute étude préparatoire à des accords internationaux, des réformes qui traînent en longueur, l'absence de réaction significative face au déferlement de l'économie informelle, préparation médiocre de législation économique et enfin l'indigence de l'information économique. M. R.