Le système répressif mis en place par les Européens en mer Méditerranée est à l'origine du net recul du flux de migrants en direction des côtes européennes, mais surtout une augmentation du nombre de victimes dans les naufrages, selon les chiffres de l'OIM. Près de 3 000 migrants ont disparu en Méditerranée l'année dernière et environ 21 000 ont été secourus alors que près de 120 000 ont réussi à traverser la Méditerranée vers l'Italie, a indiqué le Directeur général de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), William Lacy Swing. Dans cette interview publiée vendredi à Londres par le quotidien arabophone Acharq El-Awsat, il a révélé qu'environ 119 310 migrants ont traversé la Méditerranée vers l'Italie, soit 34% de moins que l'année précédente, ajoutant que 2 832 personnes ont disparu dans la mer l'année dernière et que 20 385 personnes ont été sauvées. Pour en revenir à la baisse du flux, il est confirmé par cette organisation, qui a indiqué dans un rapport qu'à cette même date en 2017, ils étaient 17 438 à avoir atteint les côtes européennes, alors qu'en 2016, ils étaient déjà 116 005, soit plus de 100 000 de plus qu'en 2018 et 2017. Près de la moitié d'entre eux ont débarqué en Italie et le reste réparti de manière égale entre la Grèce et l'Espagne. Le directeur général de cette agence onusienne a également souligné que 29 000 personnes déplacées étaient bloquées sur les côtes espagnoles et quelque 20 000 sur la côte grecque, durant la même période. La baisse du nombre d'arrivée en Europe est le résultat de la mise en place d'une politique européenne répressive, avec la multiplication des opérations de surveillance des migrants en Méditerranée. Ces derniers sont interceptés par les navires européens avant même qu'ils n'atteignent les côtés européennes, ou secourus en cas de naufrage, car la marine libyenne est cantonnée dans ses eaux territoriales faute de moyens et d'expérience dans le domaine. En outre, l'OIM indique avoir aidé depuis le début de cette année, près de 3 730 migrants vivant en Libye à retourner chez eux, notamment dans 26 pays. On apprend, par ailleurs, que plus de 16 000 personnes candidates à la migration ont été évacuées de Libye grâce aux initiatives mises en place par la task-force conjointe de l'Union européenne (UE), l'Union africaine (UA) et les Nations unies (NU), chargée d'améliorer la situation des migrants dans ce pays. De son côté, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a évacué plus de 1 300 réfugiés depuis la Libye dans le cadre de son nouveau mécanisme de transit et d'évacuation d'urgence. De son côté, l'UE a annoncé un programme supplémentaire d'un montant de 115 millions d'euros pour soutenir les travaux de la task-force conjointe et qui sera mis en œuvre par l'OIM et le HCR. Les nouveaux programmes visent "à assurer la protection des migrants et des réfugiés en Libye, ainsi qu'à aider à l'évacuation de 3 800 personnes supplémentaires ayant besoin d'une protection internationale", selon la même source. Merzak Tigrine