Le cafouillage entourant l'établissement de la liste des concessionnaires automobiles et le mutisme du Premier ministre face à la grogne sociale s'apparentent à une mise à l'écart de ce dernier. Les jours d'Ahmed Ouyahia à la tête de l'Exécutif sont-ils comptés ? S'il faut sans doute se garder de tirer des conclusions hâtives, il reste que sa position semble fragilisée depuis qu'il a subi ce que d'aucuns assimilent à un camouflet : le rappel à l'ordre de la présidence de la République à propos de l'ouverture du capital des entreprises publiques au privé, au lendemain de la tripartite, une opération perçue par ses contempteurs comme une tentative de constitution d'un "trésor de guerre" en perspective de 2019. Aussi le cafouillage entourant l'établissement de la liste des concessionnaires automobiles et son mutisme face à la grogne sociale s'apparentent à une "exclusion des centres de décisions". C'est en tout cas ce que suggère le RCD dans un communiqué sanctionnant la réunion de son secrétariat national tenu ce week-end à Alger. "Il a fallu le déclenchement des manifestations des élèves pour que le tête-à-tête entre les syndicats des enseignants et le ministère de tutelle soit rompu par l'intervention de la présidence de la République. Dans cette affaire qui a duré près de deux mois et dans d'autres, le Premier ministre s'est muré dans un silence", écrit le RCD dans ce texte rendu public hier, non sans ajouter : "Sur un autre registre, la réponse à la volonté du Premier ministre de restreindre le nombre d'opérateurs dans le domaine automobile à moins de 10 est symptomatique de sa mise à l'écart des centres de décisions." "Une quarantaine de marques est sur le point d'être agréée dans une sorte d'opération de ‘tawzi3 el arbah' (partage des bénéficies cher à la défunte Gestion socialiste des entreprises (GSE))", assène-t-il. Le RCD qui relève "l'incapacité manifeste" de l'équipe d'Ouyahia à prendre en compte les revendications et les mouvements sociaux à l'image des médecins résidents, des enseignants ou encore des retraités de l'armée, lesquels ont eu comme "seule réponse", "des dispositifs policiers et une instrumentalisation éhontée de la justice pour empêcher l'expression pacifique de leurs revendications dans les espaces publics", soutient que "l'intrusion" de la présidence de la République illustre la "peur" des pouvoirs publics. "Au-delà de la légitimité des revendications des médecins résidents, des enseignants et des catégories de travailleurs qui ont vu leur pouvoir d'achat fondre, l'intervention ‘des hautes autorités du pays' (communiqué de suspension de la grève rendu public par le Cnapeste) dénote de la peur des pouvoirs publics et de la fragilité de la paix sociale", écrit le parti de Mohcine Belabbas avant de réitérer son appel au dialogue. "Le RCD a, de tout temps, appelé au dialogue dans la résolution des conflits. Mais la négociation suppose des parties à égalité et non des cérémonies médiatiques pour avaliser des décisions prises ailleurs comme dans les rituels des tripartites", dénonce-t-il avant de rappeler les mises en garde qu'il avait formulées à propos de la loi de finances 2018. "La dégradation du climat social et économique nécessite plus que des mesures de replâtrage en attendant la présidentielle de 2019. Cette politique de statu quo qui vise à préserver les privilèges de la clientèle, conjuguée à la planche à billets, la restriction administrative des importations et le chômage massif des jeunes signent le caractère fantaisiste des objectifs déclarés de la loi de finances 2018. Le RCD a déjà mis en garde contre cette fuite en avant", conclut le texte. Karim Kebir