De nouvelles émeutes ont éclaté hier dans le centre du Sri Lanka, malgré l'état d'urgence instauré la veille pour 10 jours en raison d'une vague de violence contre la minorité musulmane, a annoncé la police qui a précisé avoir fait usage de gaz lacrymogènes. Au moins trois policiers ont été blessés dans des affrontements avec des émeutiers à Menikhinna, dans la région touristique et multi-ethnique de Kandy, foyer de violences qui ont causé la mort de deux personnes et la destruction d'une centaine d'habitations et commerces depuis plusieurs jours, a précisé Ruwan Gunasekera, porte-parole de la police. Sept personnes ont été arrêtées hier pour avoir bravé le couvre-feu qui avait été décrété lundi. Elles sont accusées d'avoir provoqué des troubles dans cette région connue pour ses plantations de thé et ses sites bouddhistes. Les écoles de Kandy, à 115 kilomètres (72 miles) à l'est de Colombo, restaient fermées hier. Le gouvernement a décidé d'instaurer l'état d'urgence, une première depuis sept ans, face à l'échec de la police à faire cesser la violence dans cette région où des militaires et des forces spéciales de la police lourdement armées ont été déployés pour rétablir l'ordre. "Le gouvernement prend toutes les mesures possibles pour protéger la population, en particulier les musulmans", a déclaré le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, devant le Parlement. Les violences ont éclaté durant le week-end à la suite du décès d'un Cinghalais bouddhiste battu par une foule la semaine dernière. Les Cinghalais, majoritairement bouddhistes, constituent les trois quarts des 21 millions d'habitants de l'île. Les musulmans représentent environ 10% de la population et les Tamouls, majoritairement hindous, environ 18%. Le Sri Lanka connaît une montée de l'extrémisme bouddhiste, attisé par des moines radicaux. L'état d'urgence donne aux autorités des pouvoirs accrus pour déployer des forces, arrêter des suspects et les maintenir plus longtemps en détention. R. I./Agences