La lutte contre le terrorisme, le crime organisé et l'immigration clandestine constitue l'axe majeur de la coopération algéro-française des deux polices. Le directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi, et son homologue français, Michel Gaudin, ont débattu, hier pendant plus de quatre heures, de la coopération policière entre les deux pays, dans le cadre d'une commission mixte mise en place, il y a une année, par les ministres de l'Intérieur algérien et français. Au sortir de la réunion, qui s'est tenue à la Villa Idles, M. Tounsi a indiqué à quelques représentants de la presse nationale présents sur les lieux, que la séance de travail a porté sur l'évaluation d'une année de partenariat (2004/2005) et a défini les priorités à prendre en compte dans le programme des mois, voire des années, à venir. “Nous avons discuté de tous les maux qui portent atteinte à la sécurité du citoyen, dont la grande criminalité et l'immigration clandestine”, a soutenu le patron de la police algérienne. Par crime organisé, les autorités nationales ciblent particulièrement le blanchiment d'argent, le trafic des stupéfiants et la fuite des capitaux. Après la promulgation récente de nouvelles lois réprimant ces délits, les pouvoirs publics passent à la phase des opérations sur le terrain dans la perspective de démanteler les réseaux actifs. L'Algérie, qui a mobilisé, pendant plus de dix ans, toutes ses forces à combattre la violence intégriste, semble souffrir du manque d'expérience face au crime organisé, qui a proliféré à l'ombre du terrorisme. Ali Tounsi a justement souligné que le souci des autorités nationales est “de former des experts de la lutte antiterroriste et contre le crime organisé, qui commence à prendre de l'ampleur dans notre pays”. Michel Gaudin, à la tête de la police française depuis trois années, a confirmé que la grande criminalité constitue une partie nouvelle du dispositif de partenariat mis en place par les deux pays. “La situation sécuritaire telle qu'elle nous a été présentée par M. Tounsi, a évolué. Le terrorisme est en voie de résorption. Nous nous engageons dans l'éradication de la criminalité organisée”, a-t-il déclaré. La partie française s'intéresse, néanmoins, toujours autant à l'expérience de l'Algérie en matière de terrorisme, même si ce phénomène “tend à s'internationaliser” pour reprendre la réflexion de M. Gaudin. “Nous échangeons des informations sur le terrorisme et sur la circulation des personnes”, a affirmé le directeur de la police française. L'immigration illégale est l'une des tâches à laquelle s'attaque la commission mixte des polices des deux pays. “La France est un pays ouvert à l'immigration, mais il faudrait qu'elle se fasse dans un cadre légal”, a précisé M. Gaudin. Il a ajouté que le problème transcende les relations bilatérales entre pays fournisseurs d'immigrés et terre d'accueil. “Il faut prendre en charge le phénomène de manière collective”. Si l'Europe est la destination finale des immigrés clandestins venant de pays divers, l'Algérie constitue la plaque tournante de ceux provenant de l'Afrique noire. C'est pour cette raison que la France soutient le projet de création d'une école de police à Tamanrasset. Il est prévu, également, de jumeler les écoles de police de Marseille et de Nîmes, respectivement avec celles de Annaba et de Sidi Bel-Abbès. “Nous sommes engagés dans un travail opérationnel et très technique”, ont assuré tour à tour Ali Tounsi et Michel Gaudin. Selon l'un des directeurs centraux de la DGSN, la police algérienne a besoin de se moderniser pour mieux accomplir sa mission. À ce titre, l'aide des français est attendue particulièrement dans les domaines propres à la police scientifique (analyse des preuves digitales et génétiques, traitement des données par l'informatique…). S. H.