Après la visite en Algérie, mardi dernier, du patron de la police française, Michel Gaudin, qui avait rencontré son homologue, Ali Tounsi, patron de la Sûreté nationale, et fait le bilan de la coopération opérationnelle entre les deux polices, c'est au tour du ministre de la Justice, Dominique Perben, de faire une halte à Alger, le 16 mai, dans le cadre de la coopération et de l'entraide judiciaires. Cette visite, au-delà de son programme assez chargé qualifié d'« important » par des sources judiciaires, offrira l'opportunité au garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, d'avoir des explications sur les réticences inexpliquées quant au refus des autorités judiciaires de l'Hexagone de répondre aux demandes d'extradition d'Algériens liés aux affaires de terrorisme. Les autorités françaises ont toujours préféré l'option de l'expulsion à celle de l'extradition, comme d'ailleurs de nombreux autres pays européens. En effet, à ce jour, ont révélé nos sources, la justice algérienne continue à rencontrer de grandes difficultés pour obtenir l'arrestation et l'extradition des Algériens établis à l'étranger et poursuivis pour des infractions et ce en dépit des nombreuses conventions judiciaires bilatérales qui la lient à de nombreux Etats. Pourtant en matière de coopération policière, les relations qu'entretiennent les services de sécurité algériens avec leurs homologues européens sont souvent « très fructueuses », ont indiqué nos interlocuteurs. L'exemple le plus significatif est la visite, mardi dernier, du patron de la police française, Michel Gaudin, pour faire le bilan de « la coopération bilatérale opérationnelle » dans le cadre de la commission mixte policière algéro-française. Les deux chefs de police ont passé en revue les points contenus dans cet accord, signé en octobre 2004, entre les ministres de l'Intérieur français Dominique de Villepin et son homologue algérien Yazid Zerhouni, et qui concernent surtout la coopération sécuritaire et la formation technique. A cette occasion, le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, dans une déclaration reprise par l'APS, s'est « félicité de l'évaluation de l'état de coopération et du travail commun entre les polices algérienne et française, mené contre le terrorisme et la criminalité organisée sous toutes ses formes (...) » et a affirmé que « la rencontre des deux délégations a permis de définir d'autres actions à mener conjointement dans le cadre des orientations des gouvernements des deux pays en matière de coopération policière ». Le patron de la Sûreté nationale a indiqué, par ailleurs, que les deux parties ont convenu de tenir une réunion chaque année pour faire l'évaluation du travail accompli dans les domaines concernés par cet l'accord. Cette visite, précédée de celle du premier président de la Cour de cassation française il y a un mois, entre dans le cadre de la coopération judiciaire. Cette même coopération qui a permis une série de formations destinées aux magistrats. Le capital expérience de l'Algérie en matière de lutte contre le terrorisme est ainsi souvent sollicité et s'est avéré très fructueux ces dernières années. Il a permis le démantèlement de nombreuses filières des réseaux islamistes armés activant en Europe et même aux Etats-Unis. L'affaire de Mohamed Meguerba, cet Algérien chef d'une organisation islamiste basée en Grande-Bretagne, arrêté en Algérie, est un autre exemple de coopération sécuritaire. Les informations fournies par Meguerba ont permis aux services britanniques de déjouer des attentats à l'anthrax, en plein centre de la capitale britannique et d'arrêter plusieurs terroristes à Londres.