Sous l'occupation française, l'Algérie était un véritable carrefour "des exilés polonais", a indiqué Dr Jan Stanisław Ciechanowski, professeur à l'université de Varsovie et ancien directeur du bureau polonais des vétérans de guerre et des victimes de l'oppression. Cette déclaration a été faite lors de la conférence "Sur le chemin de la liberté. Les immigrés politiques polonais en Algérie et en Espagne au XIXe siècle", organisée lundi par l'Institut Cervantès d'Alger, en partenariat avec les ambassades de Pologne et d'Espagne en Algérie. Egalement spécialiste en histoire contemporaine, le docteur est revenu sur le rapport qu'entreprenaient ses compatriotes avec la cause algérienne. Il a d'ailleurs ajouté que "les Polonais ont combattu aux côtés de l'Emir Abdelkader". Un pan encore méconnu de l'histoire de l'Algérie. Questionné si c'était une "cause" lucrative pour les Polonais, le conférencier a répondu qu'ils "se portaient volontaires", car selon lui "les deux pays étaient très proches, de par leur combat pour la liberté". Il est par ailleurs revenu sur l'histoire coloniale de la Pologne, qui a "retrouvé son entière indépendance en 1989". La conférence était également une occasion de revenir sur la fascination des artistes polonais par la personnalité de l'Emir Abdelkader, tout en informant que son "premier portrait a été réalisé par le peintre polonais Stanislaw Chlebowski, au XIXe siècle". Il ajoute en outre que le penseur Cyprian Kamil Norwid (1821-1883) a fait un long poème en 1860 à l'honneur de l'Emir "qui est enseigné jusqu'à maintenant dans les écoles". Autre aspect de la présence polonaise en Algérie, la concession des terres algériennes, appartenant autrefois au dey d'Alger, plus précisément celle de "La Rassauta", dans la Mitidja, qui a été octroyée au comte polonais Sviatopolk de Mir-Mirski. Ce dernier était un personnage assez atypique selon l'historien, mais qui avait de bonnes relations avec les Algériens. Il a entre autres ajouté que ce même comte avait demandé à un notable d'enseigner la langue arabe à son fils. Sa présence n'était pas très longue, puisqu'il a été contraint de retourner dans son pays, après s'être endetté et il céda alors "son bien" à ses créanciers. En guise de conclusion de la conférence, le professeur à l'université de Varsovie a indiqué que l'Algérie, la Pologne et l'Espagne partageaient les mêmes esprit et volonté d'indépendance et de liberté. Imène AMOKRANE