RESUMé : Djamila ne voudrait pas qu'il vienne s'installer chez elle. Mais Madjid, après avoir mis la boutique en vente, refuse de retourner vivre chez ses parents. Il prend ses affaires et part chez Djamila qui le laisse entrer. Il ne lui laisse pas le choix. -Tu n'aurais pas dû venir, lui reproche Djamila. Tu sais que je n'étais pas d'accord. Je n'étais pas prête. Et en t'amenant à une heure où tout le monde rentre chez soi, tu sais que je n'aurais pas accepté d'attirer l'attention sur nous. Pourquoi Madjid ? - Mais c'est évident Djamila, je t'aime ! Je suis prêt à tout, pour vivre notre amour, lui dit le jeune homme. J'ai quitté ma famille. Je liquide mon commerce et je compte m'installer ailleurs. Je fais tout ça, pour toi. - Je sais, soupire-t-elle. Mais c'est trop tôt. Je sais que je suis en train de me répéter, mais crois-tu que ce soit vraiment le bon moment ? - Oui. Je ne peux plus vivre sans toi, insiste Madjid avant de la prévenir. Si tu as l'intention de me demander de partir, sache que je mettrais fin à mes jours ! - Tu veux seulement me faire peur, réplique-t-elle. Mais il est si grave et si sérieux qu'elle sait, au fond de son cœur, qu'il n'hésiterait pas à se suicider pour lui prouver son amour. Elle n'a pas besoin de cette preuve pour savoir qu'il est sincèrement amoureux d'elle. Il est là. C'est suffisant. Peut-être qu'une autre qu'elle se serait comportée différemment et l'aurait accueilli avec plus de chaleur ? Quand elle lui a ouvert la porte, la surprise l'a presque glacée tant elle se souciait du regard des autres. Maintenant que Madjid est là et pour longtemps, elle pense à ses enfants. Qu'allait-elle leur dire ? Qu'elle est amoureuse, à son âge ? Et en plus, d'un jeune ! - Ils ne comprendront jamais, dit-elle. - Avec le temps, ils finiront par accepter les choses, la rassure Madjid. C'est vrai qu'au début, les mauvaises langues trouveront en nous un sujet intarissable. Après quelques semaines ou quelques mois, ils n'auront plus rien à dire sur nous, puis il y aura d'autres nouvelles intéressantes. Ils nous oublieront et on vivra notre vie tranquillement. - À t'écouter, tout est si simple. Pour Madjid, il lui suffit de savoir ce qu'ils veulent. Si elle tient à lui, rien ne pourra les empêcher de se marier. - Je ne resterai pas longtemps ici, lui dit-il. Le temps que je trouve un appartement à notre goût. On fera une fête où on invitera nos familles et nos amis. - Ils ne seront pas nombreux à venir, soupire Djamila, qui redoute d'avoir à se brouiller avec ses enfants. - Je suis sûr et certain d'une chose, avec ou sans eux, nous serons heureux. Djamila veut bien le croire. Tout est si différent depuis que Madjid est là. Il emplit sa vie. Il ne la laisse pas une seconde seule. Elle n'a plus le temps de s'ennuyer. Elle n'a plus le temps de penser. La solitude a été chassée par le rire de Madjid. La maison est plus chaleureuse. Les jours de travail, elle a hâte de rentrer à la maison. Madjid ne se rend plus à la boutique que pour régler certains détails de la vente. Il a vite trouvé un acheteur. Pour ce qui est de l'appartement, il en a visité plusieurs, mais comme Djamila n'a pas pu se libérer pour lui donner son avis, il ne s'est pas encore engagé. Le soir, quand ils se retrouvent à la maison, ils parlent de leurs journées respectives. Ils continuent de faire des projets. Djamila ne pense plus qu'à sa nouvelle vie, à Madjid. Le temps passe et elle ne s'en est pas rendu compte. Ses enfants, longtemps absents, décident de venir passer le week-end à la maison. Ils n'ont pas appelé pour faire la surprise à leur mère, et quand ils frappent à la porte, le jeudi en début de soirée, ils s'attendent à tout sauf à… (À suivre) A. K. [email protected]