RESUME : Madjid a suivi Djamila. Celle-ci a cru être suivie par un voleur ou un fou. Elle est si soulagée qu'elle ne refuse pas son invitation à dîner, même si elle a la sensation de mal faire. Ce dîner les rapprochera beaucoup. C'est toute sa vie qui change après ce dîner. Après cette nuit-là, Madjid ne veut plus la quitter. Il parle de vivre avec elle, de mariage. Djamila est encore sous le coup de l'émotion. Elle a l'impression de rêver. Parfois, elle ferme les yeux puis les rouvre. Elle s'étonne de voir les choses encore à leurs places, de constater que la présence de Madjid, près d'elle, est bien réelle. - C'est fou. Jamais je n'aurais cru qu'on en arriverait là. Oh ! Mon Dieu. C'est Lui qui m'a mis sur ton chemin, lui dit Madjid. Si je n'avais pas accompagné mon père au cabinet, je ne t'aurais pas connue.Tu te rends compte ? je serais passé à côté du bonheur. - Je me rends compte aussi d'autre chose, murmure Djamila. Ce n'est pas bien ce que nous avons fait.Tu as l'âge de mon fils. Si, par malheur quelqu'un venait à l'apprendre, je serais montrée du doigt. Les gens vont passer leur temps à me juger. Je ne pourrais pas le supporter. - Tu ne penses qu'aux racontars, lui reproche Madjid. Tu m'oublies, tu t'oublies pour faire plaisir aux autres. Eux, ils vivent bien leurs vies sans se soucier du regard des autres. Pourquoi tu ne te soucierais pas de notre bonheur ? Mais Djamila ne pense pas qu'aux gens, il y a ses enfants. Ils sont adultes. Même s'ils peuvent comprendre les choses de la vie, ils n'accepteront jamais qu'elle refasse sa vie maintenant. Et surtout, il y a leur différence d'âge. Leur différence est frappante. Jamais ils ne seront tranquilles. Elle le sait. Elle ne se fait pas d'illusions. Le bonheur, ils peuvent le connaître quelques instants, quelques heures s'il est caché. Ils ne pourront jamais s'afficher ensemble. - Non Madjid, je ne pourrais pas. Le regard des autres gâchera tout. Je ne me fais aucune illusion sur le sujet, dit Djamila. On vit bien sur la même planète, que je sache ! - Qu'ils aillent au diable ! Ce n'est pas eux qui me feront renoncer à toi. - Penses-tu seulement à ta famille ? Elle ne sautera pas de joie. Tout comme la mienne. - Mais je t'aime ! Ils devront accepter mon choix, insiste Madjid. Celui qui osera dire un mot de mal de toi ou de notre union, je peux te jurer qu'il le regrettera. Je t'aime. Djamila ne veut pas lui dire ces mots. Elle va s'enfermer dans la salle de bains. Elle y reste longtemps. Elle vient de prendre une décision qui lui fend le cœur. Ils ne se reverront plus. Leur relation est vouée à l'échec. Elle a beau savoir qu'il est sincèrement amoureux d'elle et qu'il tiendra tête à sa famille et même au monde entier. Mais le temps leur donnera raison. Il lui suffit de se regarder dans la glace, pour voir ses rides. Elle est beaucoup trop vieille pour lui. Vingt ans, ce ne sont pas deux années. Madjid n'a pas trente ans. Certes, elle est belle, elle peut faire son bonheur maintenant, qu'en sera-t-il dans dix ans ? Dans vingt ans ? Madjid est encore jeune. Il est en droit d'attendre mieux et plus de la vie. Elle n'est plus en âge de lui donner des enfants. Et puis, même si par amour, il décide de s'en passer, le temps finira par le changer. Dans quelques années, elle sera alors, encore plus vieille et lui sera un homme mûr. Sa vie ne s'arrêtera pas le jour où la vieillesse aura eu raison de sa santé. Elle ne sera alors, plus rien pour lui. Djamila ne supporte pas l'idée qu'il puisse se détourner d'elle. Et c'est pour ne pas en souffrir un jour qu'elle décide de couper court à leur relation. Pour son bien, à elle et pour celui de Madjid, même s'il n'est pas de son avis. (À suivre) A. K. [email protected]