La première usine de filature du complexe des textiles algéro-turc de Relizane vient de démarrer sa production. À l'issue des essais qui s'étaleront jusqu'au 15 avril prochain, la production attendue pour l'ensemble de la ligne filature Denim est de l'ordre de 20 tonnes/jour/équipe. L'usine passera... de fil en aiguille au système de 3 équipes/24 heures. Dans l'attente de la réception des installations de tissage, finissage de tissus Denim et la confection, prévue de manière progressive dès la fin de l'année en cours, les filés seront destinés à l'exportation conformément aux engagements du partenaire, indique un communiqué du ministère de l'Industrie. Cette usine de production de filature Denim et non Denim (toile et coton) d'une capacité de 30 millions de mètres/an a été réalisée, faut-il le préciser, dans le cadre d'un partenariat, conclu selon la règle des 51/49%, conduit par la société mixte algéro-turque Tayal, détenue par des actionnaires composés des entreprises publiques algériennes C&H, Texalg et la SNTA et la société turque Intertay, filiale du groupe turc Taypa. Pour rappel, cet investissement porte sur la réalisation, dans une première phase, d'un complexe intégré de fabrication de tissus et d'habillement constitué de 8 usines de production avec une prévision de production annuelle de l'ordre de 44 millions de mètres linéaires (M/L) pour le tissage, 12 200 tonnes pour la filature et 30 millions de pièces pour les différents produits, pantalons, tricots, chemises, dont 60% destinés à l'export. Quant à la seconde phase, elle portera sur l'installation de 10 usines spécialisées dans la production des matières premières de tissus (fibres synthétiques), ainsi que des tissus techniques et autres linges de maison. Ce projet d'un coût global de 170 milliards de dinars emploiera 25 000 personnes au bout de la seconde phase de son développement. Le secteur des textiles, aux yeux des observateurs très au fait du marché, avance, mais timidement. Le textile est pourtant un secteur qui est appelé à jouer un rôle primordial dans l'économie nationale. Le secteur public s'attelle à récupérer les parts de marché qu'il a perdues depuis une vingtaine d'années. Actuellement, la production nationale ne détient qu'entre 4 et 5% de parts de marché. Le reste est couvert par l'importation. L'objectif est d'arriver à arracher dans une première étape, suggèrent ces experts, entre 10 et 15%. Pour cela, il y a lieu de poursuivre la restructuration des groupes industriels qui ont remplacé les SGP. C'est de créer, en fait, des entreprises par filière au sein de ces groupes, notamment les cuirs, la chaussure, la tannerie. L'on cite les sociétés de textiles, de soierie, de traitement de déchets des textiles, de jute... qui doivent fabriquer des produits destinés au marché national. Par ailleurs, l'on fonde beaucoup d'espoir pour le développement du secteur avec l'entrée en production d'une partie de ce complexe algéro-turc. Cap sur l'export Car, l'industrie textile a subi de plein fouet les effets de la crise mondiale et a vu disparaître ses fleurons des années 1970, notamment les sociétés Sonitex et Sonipec, d'abord, et les autres ont suivi. D'où l'importance du partenariat avec les Turcs qui ouvre de nouvelles et sérieuses perspectives pour le secteur en Algérie. Ce n'est pas une reprise d'une usine en difficulté ni une simple opération commerciale, mais il s'agit bel et bien d'un plan d'investissement qui devrait créer pas moins de dizaines de milliers de postes d'emploi et qui prévoit une bonne partie de la production pour l'exportation. L'internationalisation des entreprises algériennes, la relance de la filière et la réduction de la dépendance de l'Algérie vis-à-vis des marchés extérieurs sont les objectifs de ce partenariat industriel fondé sur le transfert du savoir-faire. Le complexe de Relizane, qui commence avec la filature, a déjà, en principe, un bon de commande à l'export pour 2 milliards de dinars. B. K.