Adapté du roman de Mohamed Maârafia, le film "Les sept remparts de la citadelle" d'Ahmed Rachedi a été projeté hier en avant-première à l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh. L'Opéra d'Alger Boualem-Bessaïh a abrité dans la matinée d'hier, la projection presse des Sept remparts de la citadelle. Le film tant attendu d'Ahmed Rachedi, adapté du roman éponyme de Mohamed Maârafia, a enfin vu le jour au bonheur des férus des récits historiques. Connu pour ses œuvres ayant trait à la période coloniale, le réalisateur qui n'est plus à présenter, vient de signer après les derniers biopics, Colonel Lotfi et Krim Belkacem, ce long-métrage qui met en scène la bataille entre un groupe de "rebelles" (maquisards) dans un village à l'est du pays. Produit par le CADC (Centre algérien de développement du cinéma) et Arfilm Télcinex, ce film de 180 minutes, est l'histoire d'un désir de vengeance dans un arrière-plan de guerre. Nous sommes en 1954, Tebti (campé par le comédien Hassan Kachach), un homme solitaire, nourrit une soif de vengeance contre Lucien (Jean-Christophe Rauzy), qui a spolié les terres de son père et des "indigènes". Cette fiction s'ouvre sur ces deux protagonistes qui représentent l'Algérie de l'époque : le colonisé et le colonisateur. Outre ces personnages principaux, nous découvrons tout au long de la trame de ce film, différents visages et tranches de vie dans cette petite bourgade, entre discours politique fasciste pour une Algérie française, le fils révolté par l'emprise du pays par la France face à un père ayant vécu de grands moments tricolores... Malgré l'envie de vengeance, Tebti est recruté par le FLN pour rejoindre le maquis afin de servir avec ses autres "frères". Ils commencent alors la bataille contre les spoliateurs. Rapidement il devient leader du groupe et oublie les vieilles rancunes de son jeune âge. Les sept remparts de la citadelle raconte certes la guerre, ses horreurs, ses morts mais cette œuvre de Rachedi met en exergue l'humain, ses travers, son altruisme, sa cruauté et sa prévenance. Lucien et Tebti sont aux antipodes l'un de l'autre mais tous les deux partagent le même combat, notamment celui de l'amour du pays. Le premier veut préserver son Algérie française et le deuxième veut la sauver de ses assaillants. Le film est rehaussé par le jeu des comédiens, crédibles et naturels, qui ont fait la part belle à la réussite de cette œuvre qui, faut-il le rappeler, nous a déroutés à cause de sa longueur. À ce propos, Ahmed Rachedi a indiqué à l'issue de la projection : "C'est la première version longue qui nous permet de voir où nous pouvons couper, ce que vous venez de voir c'est ce qu'on appelle la version réalisateur. Mais, il y aura une version plus courte." Et d'ajouter : "C'est la première fois quue nous tournons en numérique et nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de matière, nous avons obtenu pas moins de 100 heures de rushs. Il y a de quoi monter un film de 20 heures." Questionné sur la frontière entre la réalité et la fiction, le réalisateur a répondu que c'est une "fiction tirée d'un roman qui n'est pas forcément la réalité. C'est une réalité d'un point de vue cinématographique. Notre métier ce n'est pas d'écrire l'histoire, mais faire de l'histoire une matière dans laquelle il faut penser selon les obligations du cinéma". À noter que Les sept remparts de la citadelle sera prochainement projeté dans plusieurs salles du pays, a annoncé Chahinez Mohammadi responsable du CADC. Hana Menasria