Lancé lors d'un imposant rassemblement tenu le 17 mars dernier à la Maison de la culture de la ville de Tamanrasset, l'appel des Touareg a été officiellement entendu, a-t-on appris, hier, de l'Aménokal, Ahmed Edabir. Ce dernier dit avoir été contacté au lendemain de la rencontre par "des responsables en haut lieu", à qui il devait remettre la plateforme de revendications formulées par la population de cette région du Grand-Sud. Optimiste, M. Edabir, qui se trouve à Alger depuis mercredi dernier, a salué cette voie du dialogue permettant de contenir la colère des notables et des chefs de tribu, mais aussi de circonscrire le feu de la révolte qui risque d'embraser cette wilaya géostratégique. Peu prolixe, l'Amenokal affirme que ce dossier "jouit d'une attention particulière" de la part des tenants du pouvoir qui auraient pris conscience de la gravité de la situation et de l'ampleur de cette effervescence communautaire, malgré les vaines tentatives d'essouffler ce mouvement qu'on a, rappelons-le, voulu réduire à une infime action aux desseins anodins. Parlant au nom de la population de l'Ahaggar, Touareg ou non, Ahmed Edabir s'est montré très satisfait de cette rencontre et de la nature du débat engagé autour d'une myriade de problèmes qui suscitent chez la population locale le sentiment de "marginalisation" et d'"exclusion". Il convient de rappeler que ladite plateforme, dont l'introduction a été consacrée à l'histoire ancestrale de l'organisation sociale des Touareg et au rôle prépondérant joué par l'Aménokal dans l'édification du pays, avant et après l'Indépendance, porte sur six axes essentiels. Les rédacteurs de ce document, dont nous détenons une copie, demandent la préservation de l'autorité traditionnelle qui incarne l'identité de cette région millénaire, puisqu'elle garantit la cohésion géographique et politique, mais aussi la sécurité et la stabilité nationales. La déclaration, lue à l'issue du dernier rassemblement, rappelle également les différentes rencontres qui ont regroupé les notables autour des problèmes de la région, mais qui n'ont toujours pas abouti. La déclaration de trois pages mentionne que l'identité et la légitimité ne peuvent aucunement être garanties par "des urnes de l'obscurité" ni par "les élections de l'argent sale", car elles n'incarnent pas la volonté du peuple qui semble être en rupture de confiance avec ses représentants politiques. Tout en soutenant l'Aménokal, les rédacteurs de la plateforme ont plaidé pour que ce statut soit considéré comme un organe consultatif, avant de mettre en garde contre tous ceux qui parlent au nom des notables et ceux qui investissent dans le dénigrement médiatique au nom de la liberté d'expression. RABAH KARECHE