Des huiles de mauvaise qualité sont importées et vendues à bas prix, environ 300 DA le litre,imposant une concurrence déloyale aux opérateurs locaux. En dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics pour développer davantage la filière, l'huile d'olive algérienne n'arrive plus à s'implanter sur les marchés internationaux. Tous les observateurs s'accordent à dire que des insuffisances dans différents domaines liés à cette activité persistent toujours. L'amélioration quantitative et qualitative de la production oléicole demeure encore l'objectif que s'est fixé le ministère de l'Agriculture, mais qu'il n'arrive pas à réaliser. De l'avis de la majorité des producteurs, l'huile d'olive, contrairement aux autres filières telles que le lait, les céréales, la pomme de terre..., ne bénéficie pas suffisamment de soutien de la part des pouvoirs publics. Pour eux, le marché de l'huile d'olive reste toujours "phagocyté" par l'informel. Ainsi des huiles de mauvaise qualité sont importées et vendues à bas prix, environ 300 DA le litre, imposant une concurrence déloyale aux opérateurs locaux. "Avec des capacités de production limitées, il est déjà difficile de satisfaire toute la demande nationale en huile d'olive algérienne laquelle souffre de la forte concurrence de celles importées des pays voisins méditerranéens en raison de leurs bas coûts", se plaignent-ils. Certes, des aides sont octroyées pour les équipements des huileries et le conditionnement par le Fonds national de développement agricole (FNDA), mais ce sont les crédits de campagne qui font le plus défaut. La filière est caractérisée par une faible production nationale, en comparaison avec les autres pays producteurs du bassin méditerranéen, un manque flagrant d'aides publiques et les aléas climatiques... Du point de vue de la qualité, une étude réalisée par des experts révèle que 80% de l'huile d'olive vendue en Algérie, comparativement au référentiel international, est impropre à la consommation. Autant d'écueils qui freinent l'opération d'exportation. À la question de savoir pourquoi l'huile d'olive algérienne n'arrive-t-elle pas à décrocher une place à l'international, Nagueb Ladjouzi, gérant de la société française de vente en ligne d'huile, Autour de l'Olive, avance plusieurs raisons. Pour lui, le fait que les oliviers ne soient pas entretenus constitue l'une des principales causes. "Beaucoup d'oliveraies sont laissées à l'abandon", relève-t-il. Les ingénieurs de la DSA apportent un soutien aux agriculteurs pour un meilleur entretien "mais ils ne doivent pas laisser croire qu'un appui technique fera le reste en termes de qualité. Leur apport technique n'est que substantiel pour améliorer la qualité oléologique. Car, l'oléiculture n'est pas synonyme de l'oléologie", affirme M. Ladjouzi. Faible présence à l'international "Certains responsables déclarent que l'huile algérienne s'exporte bien. Non, c'est faux ! La présence d'huile d'olive algérienne sur le marché international est faible. Pis encore, sur certaines opérations d'exportation effectuées, ce n'est pas le produit algérien qui est expédié, mais c'est en fait l'huile d'olive tunisienne embouteillée en Algérie", déplore ce spécialiste français. Il dénonce également ce qu'il appelle des "pseudo-experts européens" qui, "par ignorance", invitent les producteurs à "triturer vert pour développer des fruités verts avec une faible acidité. Ceci est une erreur monumentale en termes aromatique et gustatif. Jamais on ne triture la variété ‘Chemlel' à l'état vert", explique Nagueb Ladjouzi. "Chemlel" est, faut-il le préciser, une variété originaire de Kabylie. "Cette variété a besoin d'être maturée avant trituration", affirme-t-il. Pour pouvoir exporter l'huile d'olive algérienne, il faut, selon lui, installer une culture d'entreprise en matière de gestion, de management, de cohésion entre producteurs et huileries et négociants dans cette filière. "Un gérant d'une huilerie est incapable de savoir combien lui coûte la production d'un litre d'huile d'olive", avoue-t-il. B. K.