La crise organique que vit ces dernières années le Rassemblement national démocratique (RND) à Béjaïa, et qui s'est traduite par les piètres résultats électoraux enregistrés lors des deux dernières échéances électorales, à savoir les législatives du 4 mai 2017 et les locales du 23 novembre 2017, vient de connaître un nouveau rebondissement. En effet, il aura fallu attendre un an avant une importante échéance électorale, la présidentielle d'avril 2019, pour que la direction de la formation d'Ahmed Ouyahia décide enfin de donner un nouveau souffle à sa structure régionale dans la wilaya de Béjaïa, qui se trouve toujours en proie à des dissensions internes. Face à l'inertie chronique que connaît le RND à Béjaïa, suite au départ massif de ses cadres et militants dévoués, Ahmed Ouyahia a finalement décidé de sacrifier son poulain, Kamel Bouchoucha, l'actuel et unique député du parti dans sa wilaya, en le déchargeant de sa fonction de secrétaire de wilaya. Longtemps contesté par la base militante, M. Bouchoucha cèdera, désormais, sa place à l'ancien secrétaire communal du RND de Béjaïa, Noureddine Charikh, en l'occurrence. En jetant son dévolu sur sur ce jeune importateur de bois originaire de la wilaya de Tizi Ouzou, le secrétaire général du RND semble vouloir ménager le choux et la chèvre. Autrement dit, le choix de cet homme, qui ne s'est pas mêlé au bras de fer opposant son prédécesseur à ses détracteurs, dénote la volonté d'Ouyahia de tourner la page de Kamel Bouchoucha, dont la gestion du parti a été fortement décriée à Béjaïa. Accusé de tous les maux qu'a connus le parti à Béjaïa, M. Bouchoucha a été surtout pointé du doigt comme principal responsable de la débâcle du RND lors des élections législatives et locales de l'année précédente. Il faut rappeler que c'est la première fois depuis sa création en 1997, que le RND n'a pu disposer de sièges au niveau de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Béjaïa. De ce fait, le successeur du très controversé parlementaire, Kamel Bouchoucha, aura certainement du pain sur la planche pour remettre de l'ordre dans la maison RND à Béjaïa, étant donné que bon nombre de ses cadres et militants sincères et dévoués ont été victimes de la politique de marginalisation et d'exclusion menée par le désormais ex-coordinateur de wilaya. En effet, dès sa nomination à la tête du bureau de wilaya du RND, en février 2016, Kamel Bouchoucha avait décidé de verrouiller le parti en éliminant un par un tous ceux qui n'étaient pas de son bord. Faisant fi des textes régissant le fonctionnement de sa formation politique, il est allé jusqu'à se substituer à l'instance souveraine à l'échelle régionale qui est le conseil de wilaya, composé statutairement des membres du conseil national, des élus et des responsables des bureaux communaux. Aveuglé par l'intérêt personnel, lui qui briguait un deuxième mandat parlementaire, après celui de 2007-2012, M. Bouchoucha s'est érigé en administrateur en gérant le parti d'une main de fer. Il nomme et dégomme à sa guise des secrétaires communaux et des membres du bureau de wilaya, sans passer par l'assemblée générale des militants. Sa gestion unilatérale et clientéliste des affaires du parti, dictée par son individualisme caractérisé, l'a poussé jusqu'à exclure organiquement la majorité des communes, notamment celles de la vallée de la Soummam, dont les militants n'ont pas cessé de le contester et remettre en cause sa politique "stalinienne". En dépit des différentes actions de protestation organisées par ses détracteurs, le candidat malheureux aux législatives de 2012 a réussi tout de même à se faire réélire à l'hémicycle Zighoud-Youcef, à la faveur des législatives du 4 mai 2017. Du coup, il a pu avoir son bâton de maréchal. KAMAL OUHNIA