Ces deux prénoms féminins font partie de la nomenclature traditionnelle algérienne et tous les deux se rapportent à un animal gracieux, la perdrix : le premier est d'origine berbère, le second est d'origine arabe. Sekkoura se retrouve également au Maroc où l'on retrouve aussi une forme masculine, Sekkour. Ce prénom est très ancien et se retrouve sur les stèles libyques sous la forme SKR à lire probablement Sekour. La forme arabe Hdjila est la forme dialectale de l'arabe classique h'adjl "perdrix'', du verbe h'adjala "sautiller, marcher par bonds''. La perdrix est avant tout le symbole de la beauté féminine. C'est aussi le symbole de l'élégance, de la démarche altière. Un proverbe kabyle se moque des parvenus en faisant la comparaison entre la démarche de la perdrix et celle de la poule : "Il cherche à imiter la démarche de la perdrix alors qu'il ne parvient pas à marcher comme la poule''. Un autre trait attribué à la perdrix : l'affection et la générosité. Ne dit-on qu'elle couve soigneusement ses œufs et même ceux des autres perdrix ? Lorsque les oisillons prennent leur envol, ils la quittent et rejoignent leurs parents. C'est pourquoi la perdrix représente aussi, dans la poésie, la femme malheureuse, qui se sacrifie et qui est finalement abandonnée à son sort. Chez les Berbères, on la retrouve dans les tatouages sous la forme stylisée d'un petit losange avec des extrémités renflées ou alors un losange portant, dans chaque coin une petite croix. Ce dessin est appelé, par les femmes berbères "œil de perdrix'', "tit' n tsekkurt''. Parmi les personnages portant ce prénom, citons le poète Ibn Abî Hadjla al-Tilamsani, né en 1325 à Tlemcen. Son grand-père était le chef d'une zaouïa, un établissement religieux : il avait reçu le nom d'Ibn Hadjla parce qu'une perdrix avait pondu un œuf dans sa manche. Après avoir effectué le pèlerinage à La Mecque, il se rendit à Damas pour étudier la littérature, puis il se fixa au Caire. Sur les traces de son grand-père, il dirigea une zaouïa, il composa des œuvres mystiques mais c'est dans la poésie qu'il se fit un nom. On lui connaît de nombreux poèmes où il fait l'éloge du Prophète(QSSSL) ainsi que des poèmes où il chante les amours et les amants célèbres de la littérature arabe, poèmes rassemblés dans l'ouvrage Diwân al-s'abâba. Ibn Abî Hadjala mourut au cours d'une épidémie en 1375. M. A. Haddadou [email protected]