Ces deux prénoms, Sekoura et Hdjila, sont courants en Algérie et font partie de la nomenclature traditionnelle. Ils signifient, tous les deux "perdrix". Sekoura est d'origine berbère, on le rencontre principalement en Kabylie dans les Aurès. Le prénom semble attesté depuis l'antiquité, puisqu'on le retrouve sur une stèle libyque sous la forme SKR, que nous proposons de lire Sekour, une forme donc masculine. Signalons qu'un prénom masculin, Sekour, est attesté au Maroc central, dans l'aire amazighe. Signalons aussi qu'en toponymie, le nom antique de Sig, dans la wilaya de Mascara, était Tasacora, qu'on a essayé de rapprocher de tasekkurt (perdrix), mais on a douté de cette étymologie. Hdjila, le second prénom qui signifie ‘'perdrix'' est, lui, est d'origine arabe : c'est la forme dialectale du classique hadjla. La perdrix, en Algérie, symbolise la jolie femme. Dans les motifs de l'art (tapis, poterie), l'animal est représenté par un losange. Les Chaouis appellent "aïn l'hedjla" ou "œil de perdrix" ce signe que les femmes se tatouent sur les joues ou le front : il représente effectivement un œil de perdrix, avec son pourtour noir ; et c'est un signe de beauté ! Parmi les personnages ayant porté le nom de Hdjila, ou plutôt le sobriquet de Hdjila (perdrix), il y a Abû Abbas Ahmad ben Yahia Chihâb al-dîn al-Tilimsânî, surnommé Ibn Abi al-Hadjla, poète et littérateur, originaire de la ville de Tlemcen. Il naquit à Tlemcen en 1325, dans la zaouia de son grand-père. Il fut surnommé Ibn Abî al-Hadjla (le fils de la perdrix), parce qu'une perdrix avait pondu un œuf dans sa manche. Il partit poursuivre ses études au Caire, puis fit son pèlerinage à La Mecque. De retour, il s'arrêta à Damas où il étudia la littérature. Tout en rédigeant des poèmes et des maqamat, des récits anecdotiques, il dirigea une zaouia dans les environs du Caire. Il mourut pendant une épidémie au Caire, en 1375. Sa poésie se caractérise par son mysticisme : al-Tilamsânî appartenait, en effet, à la tendance soufie ou aux mystiques musulmans, à laquelle émargeait le célèbre Ibn Arabi de Murcie. S'il eut beaucoup d'admirateurs, il eut, parmi les théologiens et les juristes, des adversaires ; le plus acharné contre lui est Ibn Taymiya.. M. A. Haddadou [email protected]