Dans le cadre de la cérémonie de clôture du Festival national de la bande dessinée de Bouira, l'écrivain-éditeur, Lazhari Labter, est revenu sur l'histoire de la BD algérienne, et ce, à travers ses pionniers, notamment Ahmed Haroun, Slim et Maz. L'écrivain-éditeur, Lazhari Labter, était hier, à la maison de la culture Ali-Zamoum, dans le cadre de la cérémonie de clôture du Festival national de la bande dessinée. À l'occasion, cet ancien journaliste au quotidien l'Opinion, retracera l'histoire de la bande dessinée algérienne, à travers ses pionniers, notamment, Ahmed Haroun, Menouar Merabtène, alias Slim, et Mohamed Mazari dit Maz et leurs personnages respectifs tels M'quidèche, Bouzid et Zina, ainsi que le chat dégoûté de Maz, des personnages qui sont jusqu'à aujourd'hui, ancrés dans la culture populaire algérienne. "Cette bande de copains ont un beau jour décidé de mettre leur talent de dessinateur à la contribution de la culture algérienne et ce fut une totale réussite", dira le conférencier, auteur du Panorama de la bande dessinée algérienne 1969-2009, un livre paru en 2009 et qui tend à être complété selon l'écrivain. Pour ce dernier, la genèse de la bande dessinée algérienne se situe en 1967, où Mohamed Aram faisait paraître Naâr, une sirène à Sidi Ferruch dans l'hebdomadaire Algérie Actualité. "Cette BD sera suivie par Moustache et les frères Belgacem de Slim, d'après une idée originale du cinéaste Merzak Allouache. Une BD dont l'histoire se passe à La Casbah d'Alger durant la bataille d'Alger, et dans laquelle, derrière le personnage falot de Mimoun, un comparse, se profile déjà son héros populaire Bouzid qui défrayera la chronique, deux ans plus tard", a-t-il indiqué. Et d'enchaîner sur 1969, une année charnière pour le 9e art algérien selon l'orateur. "En février 1969, avec l'arrivée de M'quidèche qui portait en sous-titre, Le journal illustré algérien. M'quidèche est né de l'heureuse rencontre de cinq dessinateurs, alors inconnus : Mohamed Aram, Ahmed Haroun, le père du personnage M'quidèche et maître du dessin de presse, Mansour Amouri, futur créateur de la série Richa, Mohamed Mazari dit Maz". Lazhari Labter, soulignera également que "l'aventure intellectuelle et artistique" de ces "pères fondateurs" de la bande dessinée algérienne se poursuivra, avec succès jusqu'en 1974, année de parution du 34e et dernier numéro de M'quidèche. Avant d'expliquer un point capital, qui mit à mal l'essor de la BD nationale. "La politique irréfléchie d'arabisation et ensuite la crise économique qui frappa l'Algérie de plein fouet au milieu des années 80 seront fatales à la BD algérienne, à l'édition et à la culture de manière générale. Les priorités se sont déplacées pour les décideurs qui, d'ailleurs, n'ont jamais accordé l'importance voulue au secteur de la culture", a-t-il déploré. Mais après la révolte populaire d'octobre 1988, où on pouvait s'attendre à la renaissance de cet art libérateur, il n'en fut rien. Pourquoi ? À cette question, le conférencier précisera non sans un certain dépit : "La tendance était à la caricature et c'est tant mieux. Néanmoins, la bande dessinée a été fortement délaissée par les journaux et les éditeurs", a-t-il expliqué. Pour lui et à l'époque, soit dans les années 1988 à 1991, les seules initiatives intéressantes furent les publications satiriques de Baroud, qu'anima pendant une courte période avant sa disparition le journaliste et chroniqueur Saïd Mekbel et El-Manchar qui tint la route beaucoup plus longtemps, sans publicité et sans soutien financier. Enfin, Lazhari Labter fera remarquer que la bande dessinée algérienne fut un "catalyseur" pour la génération qui a fait 1988 et celle ayant combattu l'obscurantisme religieux. "La BD à travers ses bulles, ses dessins et ses messages, peut vaincre toutes les idéologies obscurantistes et c'est à vous (s'adressant aux jeunes, ndlr) de faire de la bande dessinée l'instrument d'espoir et de toutes les aspirations". Un message qui en a marqué plus d'un. RAMDANE BOURAHLA