De nombreux participants à la journée parlementaire sur la finance islamique organisée hier à la Chambre basse par la commission des finances et de budget de l'APN ont mentionné la nécessité de combler le vide juridique existant dans le domaine de la finance "alternative". Boualem Djebbar, président du conseil de l'Association des banques et établissements financiers (Abef), a ainsi expliqué que les questions d'ordre juridique seront abordées, de manière cohérente et adaptée, et réglées. Présent à cette rencontre, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a rappelé qu'un nouveau règlement de l'autorité monétaire qu'il dirige encadrant la gestion des produits financiers dits alternatifs au niveau des banques et établissements financiers sera promulgué incessamment, une fois validé par le Conseil de la monnaie et du crédit. Et de détailler : "Nous allons promulguer incessamment un règlement pour faire en sorte que les produits financiers classiques et ceux dits alternatifs soient d'une imperméabilité totale. Il y aura une seule supervision et un seul règlement qui encadre la finance classique et la finance ‘alternative'." M. Loukal a noté que les banques de la place pouvaient offrir normalement, dans le cadre de la loi actuelle sur la monnaie et le crédit, des produits bancaires alternatifs aux produits classiques et qu'il n'y avait pas nécessité de changer cette loi. Cependant, les banques qui vont ouvrir des fenêtres pour ces produits doivent leur dédier une organisation "spécifique" et "particulière" de manière à assurer une "imperméabilité totale" entre les produits classiques et les produits alternatifs. Il n'y aura pas, ainsi, tendance au mélange des genres. Intervenant à l'occasion de cette journée, le P-dg d'Al-Salam Bank Algeria, Nasser Haïder, a estimé nécessaire que la Banque d'Algérie associe des compétences spécialisées à l'élaboration des lois et règlements devant sous-tendre les opérations financières alternatives. Et de souligner : "Nous ne souhaitons pas nous voir imposer une législation qui serait contraire aux avis religieux." Le développement de la finance islamique va se faire sous le contrôle et la supervision de l'autorité de la Banque d'Algérie et du Haut conseil islamique (HCI), deux institutions qui ont invité les banques, qu'elles soient publiques ou privées, à faire avancer les choses dans ce secteur dont le flux est encore faible. En effet, le gouverneur de la Banque d'Algérie a indiqué que la finance alternative ne représentait que 2% du marché financier, expliquant la part insignifiante des produits financiers alternatifs par le fait qu'ils ont été commercialisés par deux banques privées seulement, alors que les banques publiques représentent le gros de l'épargne (87% du marché bancaire). Youcef Salami