Le gouverneur de la Banque d'Algérie annonce la promulgation prochaine d'un nouveau règlement encadrant les produits financiers dits alternatifs. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Loukal, a invité, hier, les banques "à développer un programme en matière d'agressivité commerciale de façon à récolter le maximum de la masse fiduciaire qui se trouve en dehors du circuit bancaire". Intervenant à l'ouverture du Symposium international sur "la place financière algérienne en mouvement" organisé à la Safex d'Alger, Mohamed Loukal a estimé que les tentatives lancées, jusque-là, ont été "sans grand succès". "L'inclusion financière est restée, quelque peu, timide", a-t-il relevé en présence, notamment, du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a reproché aux banques d'avoir appliqué avec "zèle" la loi relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d'argent. "Le système bancaire s'est enfermé dans une situation qui l'a amené, en voulant développer du zèle dans l'application de la loi relative à la lutte contre le blanchiment d'argent, à aller à l'encontre de cette loi", a souligné M. Loukal. Selon lui, "les guichets ont fait de sorte que les banques ne jouent plus leur rôle de collecte de la ressource". Le gouverneur de la Banque d'Algérie a rappelé, dans ce cadre, la note adressée aux banques sur le développement de l'inclusion financière et "qui devrait les libérer de cette contrainte". Dans la note, la Banque d'Algérie a instruit les banques et les établissements financiers concernés de cesser d'exiger, lors de tout dépôt de fonds en caisse, auprès de leurs guichets, des justificatifs, au-delà de ceux relatifs à l'identité du client, dans le cadre des exigences règlementaires en matière de connaissance du client. "Nous avons dressé une frontière impériale entre la collecte de la ressource et le renseignement financier", a soutenu M. Loukal, précisant que le rôle des banques est de collecter la ressource alors que "le renseignement financier est du ressort d'autres instances qui doivent agir en toute circonstance". Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, la masse monétaire en circulation est évaluée à près de 14 000 milliards de dinars. 4 780 milliards de dinars sont en dehors du circuit bancaire, soit environ 30% de la masse monétaire. Sur les 4 780 milliards de dinars se trouvant en dehors des banques, 1 500 et 2 000 milliards de dinars sont thésaurisés auprès des particuliers et des ménages. "Vous êtes tenus d'aller vers l'inclusion financière", a lancé le gouverneur de la Banque d'Algérie, en s'adressant aux acteurs de la place financière algérienne. "Vous êtes tenus, aujourd'hui, d'aller vers la collecte de la ressource", a-t-il insisté. M. Loukal avertit que la Banque d'Algérie compte recalibrer sa politique monétaire, aujourd'hui très accommodante. "Jusque-là, la politique monétaire a été assez accommodante, mais au fur et à mesure, cette politique monétaire va être un peu plus dure. Elle va contraindre les banques à choisir entre le refinancement à des coûts exorbitants et le recours à la ressource et une bancarisation plus poussée", a annoncé le gouverneur de la Banque d'Algérie. En d'autres termes, la Banque d'Algérie pourrait resserrer la politique monétaire en révisant à la hausse le taux de réescompte ; ce qui poussera les banques à collecter des ressources moins coûteuses. Ce que le gouverneur de la Banque d'Algérie ne dit pas, c'est que les banques pourraient être tentées aussi de renchérir le coût du crédit. Concernant les produits dits alternatifs, M. Loukal a affirmé que la Banque d'Algérie n'a pas fait marche arrière. Il a révélé que la Banque d'Algérie a analysé les produits proposés par certaines banques auxquelles elle a demandé de "mieux les adapter". Il a annoncé que le Conseil de la monnaie et du crédit promulguera, incessamment, un règlement qui encadre l'ouverture de fenêtres islamiques. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a attiré l'attention des banques qui envisagent d'ouvrir une fenêtre sur les produits dits alternatifs, sur la nécessité "de dédier une organisation spécifique et particulière à ces produits". Pour M. Loukal, l'imperméabilité entre les produits conventionnels et les nouveaux produits alternatifs doit être totale. Le gouverneur de la Banque d'Algérie estime qu'il n'est pas nécessaire de modifier la loi relative à la monnaie et au crédit. Une disposition permet à la Banque d'Algérie d'autoriser le financement dit alternatif "sans grande difficulté". Pour sa part, le ministre des Finances a évoqué la préparation des conditions légales et réglementaires de nature à permettre le développement de nouveaux instruments financiers. Meziane Rabhi