En dépit des mesures prises, jusque-là, l'inclusion financière est restée encore trop timide. Au moment où l'Algérie s'engage, du moins sur le plan du discours politique, dans un nouveau régime de croissance et de financement de l'économie, la structuration de la place financière, la modernisation de ses composantes et de ses instruments et l'enrichissement des catalogues des produits et services apparaissent comme les priorités de l'heure. "La mobilisation des ressources d'épargne et de marché devant se substituer aux ressources budgétaires fait peser une lourde charge sur les acteurs bancaires et financiers", a estimé l'ancien ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa. Cette problématique a été au centre des débats lors du Symposium international sur la place financière algérienne organisé à la Safex, à Alger. Pendant deux jours, les acteurs bancaires et financiers ont débattu de l'élargissement du périmètre de la bancarisation et de l'intermédiation, en intégrant notamment les produits de la finance participative et islamique. Ils ont, également, abordé l'expansion souhaitée et nécessaire du marché des assurances, la modernisation technologique, la digitalisation des activités financières et l'expansion des paiements électroniques. Pour M. Benkhalfa, l'urgence est d'investir "dans la confiance et l'image du système financier", nécessaires "à une bancarisation soutenue et une inclusion financière élargie". Aujourd'hui, le gouverneur de la Banque d'Algérie l'a relevé dans son allocution d'ouverture du symposium, les banques ne jouent pas efficacement leur rôle dans la collecte de l'épargne. En dépit des mesures prises, jusque-là, l'inclusion financière est restée encore trop timide. L'économie algérienne fait face à un phénomène persistant de sous bancarisation. Le secteur des assurances peine, également, à se développer. "Des niches d'assurances sont encore insuffisamment couvertes", a relevé le président de l'Union algérienne des sociétés d'assurances et de réassurance (UAR). Le parc commercial et industriel, a-t-il indiqué, a fortement augmenté, ces dernières années, pour dépasser 11 millions d'unités alors que les contrats d'assurance souscrits en multirisques habitation et en catastrophes naturelles n'ont pas suivi le même rythme d'évolution. Le P-DG de la SAA, Nacer Saïs, a fait référence au taux de pénétration des assurances qui est relativement faible en Algérie, estimé entre 0,6% à 0,7% contre un taux moyen de 1,3% à 1,4% pour la zone Mena et environ 6% à 7% pour les pays développés. M. Saïs a relevé, aussi, la quasi-absence des assurances de capitalisation. Pour le P-DG d'Alliance Assurances, plusieurs freins réglementaires, d'organisation et liés aux infrastructures, empêchent le développement du secteur des assurances. Il a laissé entendre que le gisement monétaire de la finance islamique est surestimé en Algérie. "C'est une partie nécessaire. Mais ce n'est pas le miracle attendu", a-t-il souligné, insistant sur l'urgence de lancer "les véritables réformes" à commercer par celle du marché financier. Sur le plan de la monétique, malgré la mise en place de l'architecture technique, elle peine à se déployer. La directrice générale de la Société d'automatisation des transactions interbancaires et de la monétique (Satim) a évoqué le lancement du paiement électronique en octobre 2016. "Aujourd'hui nous avons plus de transactions sur Internet que sur les terminaux de paiement électronique (TPE)", a-t-elle relevé, parce que ce mode de paiement "apporte une véritable valeur ajoutée à l'utilisateur". Meziane Rabhi