Après la désignation du MC Alger comme troisième représentant de l'Algérie en Ligue des champions arabe, certains clubs de Ligue 1 sont montés au créneau pour dénoncer la politique de deux poids, deux mesures de la Fédération algérienne de football quant au choix du Vieux club algérois. Les critiques concernent les raisons qui ont motivé ce choix et les causes qui ont poussé la fédération à changer de position après avoir opté dans un premier temps pour l'USMBA. Ainsi, l'annonce de la FAF relative au choix du troisième club algérien devant participer à la Coupe arabe a eu pour effet immédiat de rendre fous furieux aussi bien les supporters que les responsables et sociétaires du Mouloudia d'Oran qui y ont vu comme un manque de respect flagrant sous sa forme la plus méprisable. "C'est du régionalisme ! C'est clair ! Du régionalisme pur et dur ! Un régionalisme qu'on croyait pourtant révolu. Avec cette attitude méprisante et opprimante, la FAF nous a fait revenir des décennies en arrière. Ce n'est pas normal", s'offusque le manager général du Mouloudia d'Oran, Haddou Moulay. "Sur quels critères s'est basée la Fédération pour punir le MCO et le mettre hors course ? Que le MCA en soit le bénéficiaire, grand bien lui fasse. Mais nous aimerions comprendre. Oran requiert toutes les dispositions et qualités pour accueillir des évènements internationaux. Côté vécu, aucun club algérien n'a réussi ce qu'a fait le Mouloudia d'Oran avec trois consécrations et une finale, au cours d'une bonne demi-douzaine de participations toujours satisfaisantes", dira encore le numéro 2 du club d'El-Hamri. Haddou : "C'est du régionalisme !" Et de renchérir : "On nous dit que c'est le bureau fédéral qui a choisi. Mais qui sont ces membres du BF ? Ne sont-ils pas tous originaires du centre du pays ? De plus, pourquoi faire de ce vote un mystère ? Pourquoi ne publie-t-on pas le vote de chaque membre dans une transparence qui serait, dès lors, rassurante ? Tout cela prête à suspicion. Et puisque plusieurs clubs étaient présélectionnés, pourquoi la FAF n'a-t-elle pas opté pour un tirage au sort sous la houlette d'un huissier de justice ? C'est grave ce qui s'est produit. Au risque de me répéter, la FAF nous a fait revenir des décennies en arrière. Sous l'ère Raouraoua, cela ne se passait pas de cette manière. Nos droits étaient garantis. Plus maintenant apparemment, puisque la FAF se permet d'ignorer notre club et avec, toute une métropole et toute une région. C'est grave et désolant à la fois."
Zerouati : "C'est une décision arbitraire" Pour sa part, le président de la JS Saoura, Mohamed Zerouati, estime que le choix de la FAF pour le Mouloudia d'Alger comme 3e club qui disputera la Ligue des champions arabe est arbitraire. "Je pense que je ne suis pas le seul à ne pas être d'accord sur le choix du MCA comme 3e représentant algérien pour la Ligue des champions arabe, c'est abusif de la part de la Fédération algérienne de choisir deux clubs du Centre. Je ne suis pas régionaliste mais il était préférable de diversifier par rapport au quatre régions du pays", nous a déclaré Zerouati avant d'argumenter : "Le MCA est en train de jouer sur plusieurs fronts, tout comme l'USMA et l'ESS, cela veut dire qu'avec la Coupe arabe, nous serons probablement obligés de reporter ou avancer des matches, ce qui va chambouler la programmation." "La fédération était la première à interdire aux clubs de cumuler plus de deux compétitions internationales, alors qu'aujourd'hui c'est cette même instance qui offre l'opportunité à des clubs de cumuler, ce n'est pas normal tout cela", rappelle Zerouati avant d'ajouter : "Mon équipe (JS Saoura) est classée 5e, elle mérite tout comme l'USM Bel-Abbès, le MC Oran ou encore un autre club du Sud ou de l'Ouest, d'être le 3e représentant algérien dans cette compétition arabe, puisqu'il y a déjà l'USMA (Centre) et l'ESS (Est). Personnellement je dénonce ce choix et j'invite le ministre ou encore les autres instances à intervenir, car la fédération n'en fait qu'à sa tête." Benayad : "La fédération règle des comptes avec l'USMBA" De son côté, le directeur général de la SSPA/USMBA, Mohamed Benayad, a révélé hier que la Fédération algérienne de football a privé son équipe d'une participation à la Ligue des champions arabe suite à l'affaire du joueur Jessy Mayele. "Un représentant de la FAF m'a appelé au téléphone pour me demander de rembourser la haute instance fédérale qui a payé Jessy Mayele à notre place. Après avoir réglé ce différend avec le joueur et la Fifa, la FAF a exigé de l'USMBA de payer la somme de 100 000 euros cash pour rembourser notre dette", a-t-il expliqué. Et d'ajouter : "Et comme nous avons refusé de rembourser l'argent en liquide tout en demandant à la FAF de prendre notre quote-part des droits TV, le même responsable de la fédération m'a clairement signifié que nous n'allons pas être retenus pour la Ligue des champions arabe. Tout ça n'est pas normal." Ouvrons une parenthèse pour dire que la FAF a pris le soin de régulariser le joueur Mayele qui a saisi la Fifa pour non-paiement de ses salaires. Pour le directeur général de l'USMBA : "À aucun moment nous n'avons refusé de rembourser la FAF, mais qu'on ne nous demande pas du liquide sans traçabilité. En tant que gestionnaire, je dois justifier toute opération. Donc, la FAF n'a fait qu'écarter l'USMBA de la compétition arabe en guise de sanction." Le responsable de l'USM Bel-Abbès s'interroge sur les critères retenus pour désigner le troisième représentant algérien pour la Ligue des champions arabe. "Le bureau fédéral de la FAF a désigné l'USMBA comme représentant de l'Algérie lors d'une réunion du BF avant de se raviser. Donc, normalement la FAF applique une décision déjà entérinée. Pis encore, comment se fait-il que la Fédération algérienne transgresse son propre règlement en laissant des clubs participer à deux compétitions internationales alors que la réglementation est claire sur la question ?" Concernant le choix du MC Alger, Benayad est catégorique : "Nous n'avons rien contre le Mouloudia d'Alger, un club avec lequel on entretient de bons rapports. Mais la FAF aurait pu récompenser un club comme la JS Saoura. Cette équipe du Sud dépense beaucoup d'argent rien qu'en transport afin de prendre part aux matches du championnat. On aurait pu lui accorder ce privilège au lieu de faire participer des clubs concernés déjà par des compétitions africaines. Je comprends les critères établis par l'Union arabe de football pour choisir l'USMA et l'ESS, mais je ne comprends pas ceux de la FAF. J'estime que nous avons été lésés dans cette affaire car l'USMBA mérite, elle aussi, de disputer cette joute", fait-il savoir. Chettouf : "Le CRB a été spolié de son droit" En outre, dans une déclaration à Liberté, Abdelkrim Chettouf, le président du CSA/CRB, a réagi à la désignation du Mouloudia d'Alger comme troisième club à participer à la Coupe arabe des clubs (Uafa) en compagnie de l'USM Alger et de l'ES Sétif. "On aurait aimé que le CRB dispute la Coupe arabe. C'est quand même une participation internationale. C'est un plus pour le palmarès du Chabab et sur le plan personnel pour les joueurs. Ajoutons à cela que cette compétition est très rentable sur le plan financier, car le vainqueur empochera 6 millions d'euros, ce qui est énorme. Mais, malheureusement, la fédération a choisi le Mouloudia d'Alger comme troisième représentant algérien à cette compétition. Ce qui est absurde à mon avis. Le Chabab a été spolié de son droit", estime Chettouf avant d'enchaîner : "La FAF devrait arrêter des critères de participation aux compétitions internationales avant tout nouvel exercice. Que ce soit le deuxième du championnat ou le troisième ou encore le détenteur de la Coupe d'Algérie comme c'est le cas pour notre club, l'essentiel c'est que les choses soient claires dès le début. Tout cela prête à confusion, vous voyez maintenant, tout le monde se sent lésé, le MCO, l'USMBA, la JSS et le CRB également. L'Uafa a choisi l'USMA et l'ESS, elle a accordé ensuite une faveur à l'Algérie pour désigner un troisième représentant. Je pense que la méthode du vote choisie par la FAF ne tient pas la route. Le vote a souri au Mouloudia d'Alger, mais à mon avis, il est de notre droit de prendre part à la Coupe arabe en notre qualité de détenteur de la Coupe d'Algérie", souligne le responsable belouizdadi. Cela étant, Chettouf pense que "la FAF aurait pu éviter tout ça si elle avait explicité au préalable les critères concernant le club qui devrait participer à la Coupe arabe. Après cela il n'y aurait rien à redire. Le bon sens voudrait que les critères soient définis au préalable, or, on remarque que les décisions sont prises après, et tout ça prête à confusion, ce qui n'est pas normal", conclut le président du CSA/CRB. Kaci-Saïd : "Le choix du MCA est largement justifié" Enfin, le directeur sportif du MCA, Kamel Kaci-Saïd a salué la décision de la FAF : "Je remercie les membres du BF de la FAF pour leur confiance et qui nous ont fait l'honneur d'être le troisième représentant de l'Algérie dans cette compétition. Nous méritons cette place dans la mesure où nous avons figuré parmi les trois premiers du classement de la saison passée. Nous allons tout faire pour honorer le pays. C'est un quatrième challenge qui s'ajoute à notre équipe. Nous devons effectuer une bonne préparation et nous devons recruter à la hauteur de nos objectifs", a-t-il déclaré. Il faut savoir que le MCA n'a, certes, pas remporté la Coupe arabe par le passé, mais il a plusieurs fois participé à l'épreuve dans les années 1990 et 2000. Ce sera, donc, la quatrième participation du Mouloudia à cette compétition sans oublier qu'il a été privé de deux éditions de la Coupe arabe bien qu'il ait acquis sa qualification sur le terrain. R. B./N. T./S. M./M. A./A. I.