Le président tchadien s'est assuré une Constitution, qui le rendra encore plus puissant avec les pleins pouvoirs. Il n'aura même plus besoin d'un Premier ministre pour gouverner. Selon RFI, le Conseil des ministres tchadiens a adopté ce mardi le projet de Constitution de la IVe République. Ce texte a été élaboré sur la base des conclusions du Forum national inclusif sur la réforme des institutions organisé fin mars, qui a décidé des principaux changements à opérer dans le système politique tchadien. Il ne reste plus que son adoption par le Parlement. Cette nouvelle Constitution accorde les pleins pouvoirs à Idriss Déby Itno, qui sera dorénavant seul maître à bord. L'opposition tchadienne dénonce une dictature ou une présidence intégrale, qui a une majorité MPS écrasante à l'Assemblée nationale. Avec cette IVe République, le président tchadien peut aborder sereinement les présidentielles de 2021 et 2027. Le seul risque est de déplaire à certains partenaires essentiels, Paris bien sûr. Ceci étant, même si elle a toutes les chances d'être adoptée par le Parlement, la Constitution de la IVe République souffrira d'un déficit de légitimité parce qu'elle aura été adoptée par voie parlementaire, un procédé plutôt inhabituel dans l'histoire des pratiques politiques. Saleh Kebzaboh, chef de file de l'opposition tchadienne, qualifie cette IVe République de coup de force constitutionnel. "Le président Déby, après un coup d'Etat électoral vient de faire un coup d'Etat institutionnel. Nous sommes dans un régime qui s'installe de plus en plus dans l'informel parce que le forum n'a aucune émanation juridique de quelque nature que ce soit et donc tout va se poursuivre comme ça : la forfaiture va continuer, l'illégitimité déjà caractérisée en 2016 et consacrée par ce forum qui va refiler le bébé de l'illégitimité à l'Assemblée nationale elle-même illégitime puisque son mandat est fini depuis deux ans", a-t-il déclaré. Tout en reconnaissant que "les Tchadiens vont avaler tout cela dans la léthargie que nous connaissons", il a ajouté : "Mais un peuple a toujours un ressort qui à un moment donné vous permet de réagir. Ce ressort va se mettre en marche et le peuple réagira, j'en suis certain." Merzak T.