Devant le silence "assourdissant" de la FAF et du MJS, au lendemain des événements dramatiques du week-end dernier, le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire a décidé, dimanche, de se joindre à l'élan d'indignation contre le phénomène de la violence dans les stades. "Suite aux événements tragiques survenus récemment dans les stades de football, notamment durant les deux derniers matches disputés aux stades Chahid-Hamlaoui de Constantine et Ahmed-Zabana d'Oran, il a été décidé de l'installation d'une commission d'enquête chargée d'examiner les causes de ces dérapages dangereux, de définir les responsabilités et de prendre des mesures et des décisions fermes en vue d'en finir avec ce phénomène étranger à notre société", indique le ministère dans un communiqué rendu public dans la soirée de dimanche. Le département ministériel ne précise pas la composante de cette commission, ni sa feuille de route mais selon des informations, celle-ci sera composée, outre les services de police, de représentants de la FAF et du MJS. Cependant, ce n'est pas la première fois que les pouvoirs publics décident de mettre en place une commission similaire puisqu'une commission intersectorielle de lutte contre la violence dans les stades a déjà été installée, il y a plusieurs années, sans que des résultats palpables dans cette lutte soient enregistrés. L'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali, avait promis, en octobre dernier, de réactiver cette commission mais rien n'a été fait. Même si des propositions ont été faites pour combattre ce fléau, il n'en demeure pas moins que les conclusions quant à des événements tragiques comme ceux de Béjaïa, de Saïda ou encore la mort d'Ebossé, n'ont jamais été rendues publiques. Pressée par le ministère de l'Intérieur, la FAF s'est finalement fendue d'un communiqué hier après-midi dans lequel elle "prend acte de l'extrême gravité de ces actes de violence enregistrés encore une fois dans nos arènes sportives et les condamne énergiquement et fermement". La FAF s'indigne mais ne reconnaît pas sa responsabilité "La FAF rappelle aux fauteurs de troubles qu'elle usera de tout son poids, et avec l'aide des autorités et de tous les acteurs concernés, de près ou de loin, par la gestion et l'organisation des rencontres de football, pour les combattre et les chasser de nos stades qui doivent être des lieux de fête, de spectacle et de fair-play, comme elle interpelle toute la famille du football sur le gros travail à faire pour extirper ce mal qui ronge notre sport-roi. Aussi, la FAF regrette et dénonce le comportement irresponsable de certains dirigeants et acteurs de notre football qui, à travers leurs déclarations intempestives, irréfléchies et provocatrices sur les médias, ont suscité la haine entre les jeunes supporters d'une même nation. La FAF a, pour rappel et depuis l'élection d'une nouvelle équipe à sa tête, fait de la lutte contre la violence son cheval de bataille. D'ailleurs, une des mesures prises justement par son bureau fédéral est celle d'arrêter une rencontre de football au moindre signe d'envahissement, en attendant les recommandations issues du dernier symposium sur le renouveau du football algérien, tenu les 11 et 12 décembre 2017, qui seront portées prochainement à qui de droit", indique la FAF dans son communiqué. Et d'ajouter : "De ce fait, la FAF réitère son appel aux ligues et aux commissions en charge de la gestion des compétitions d'appliquer avec rigueur et autorité les règlements et de prononcer les sanctions les plus extrêmes à l'encontre des clubs ou des supporters coupables de dépassements et d'actes de violence. La Fédération algérienne de football n'hésitera aucune seconde pour asseoir son autorité en déployant tous les moyens en sa possession pour que de tels incidents ne se reproduisent plus, comme elle lance également un appel aux clubs, aux associations mais aussi aux médias de contribuer, chacun de son côté, à mettre un terme à ce fléau qui ternit l'image de notre sport en particulier et de notre pays en général. S'agissant des deux rencontres JSK-MCA et MCO-CRB, la FAF prendra, sur la base des rapports des délégués et des services de sécurité, les sanctions réglementaires les plus appropriées." En revanche, la FAF omet d'admette qu'elle a pris un grand risque en acceptant de domicilier la rencontre JSK-MCA au stade Hamlaoui de Constantine au moment où tout le monde mettait en avant l'animosité entre les supporters du MCA et ceux du CSC. Sa responsabilité est entière dans les graves incidents qui ont émaillé la rencontre JSK-MCA. Le communiqué de la FAF vise, visiblement, à dégager sa responsabilité dans ces actes de violence, après la sortie médiatique du ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, SAMIR LAMARI