La sage décision prise par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales de situer les responsabilités des massacres qui se programment sur nos stades, est une promesse de faire connaître au monde sportif les véritables responsables de ces incidents. «Suite aux événements tragiques survenus récemment dans les stades de football, notamment durant les deux derniers matches disputés aux stades Chahid-Hamlaoui de Constantine et Chahid Ahmed-Zabana d'Oran, il a été décidé de l'installation d'une commission d'enquête chargée d'examiner les causes de ces dérapages dangereux, définir les responsabilités et de prendre des mesures et des décisions fermes en vue d'en finir avec ce phénomène étrange à notre société», a précisé le ministère, dont le communiqué a été repris par l'agence officielle. On a plié le match. Pardon, ils ont plié le match. Qui sont-ils ? Pourquoi veulent-ils sanctionner ce sport et lui porter un coup ? Pourquoi des hommes, censés gérer ce sport, cherchent-ils à le faire détacher de ses principes élémentaires à savoir une cohésion entre supporters, joueurs, entraîneurs et staffs techniques de ce sport «roi». Hier, aujourd'hui comme demain, cette violence, ce hooliganisme, ces débordements font et feront accélérer le pourrissement de ce sport si rien n'est entrepris. De terribles images qui ne sont pas facile à effacer, remonteront encore à la surface comme pour s'oxygéner afin de nous alerter sur son emprise sur ce sport. Les responsables de cette situation sont montrés du doigt, et sont sur le registre de l'histoire. Des exemples venant d'autres cieux défilent mais personne ne fait cas. L'Angleterre, père de ce sport a enterré la violence pour laisser place aujourd'hui à un sport de famille. Un confrère anglais disait : «Vous risquez davantage d'avoir un problème si vous allez à un concert plutôt qu'à un match de football». Comment se fait-il, alors, que ce football anglais si longtemps miné soit suffisamment sûr pour accueillir près d'un tiers de femmes dans son public ? – Le confrère parle ici de la Premier League – qui a adopté le principe de la tolérance zéro en termes de chants racistes, misogynes ou homophobes (et l'applique de son mieux, même si tout n'est pas encore parfait) puisse donner de lui-même une image aussi épouvantable que celle véhiculée sur les réseaux sociaux ? Chez nous, le décamètre avec lequel ils pensaient éviter la violence, est encore opérationnel, et ses résultats ont été ramassés sur le terrain du Chahid-Hamlaoui. Ainsi, le football qui se nourrit de sa médiatisation permet à la violence de trouver une excellente place dans ce schéma. Elle revendique sa part de médiatisation et se moque des termes qui reviennent souvent jusqu'à hier encore dans les discours en l'occurrence : sensibiliser, éduquer, respecter des valeurs sportives, mobiliser, projets de sanctions, combattre les combines, les effets des coulisses et les agressions verbales ou gestuelles... Le dictionnaire est riche et que l'on pourra élargir. La preuve est faite sur nos terrains après coup, y compris les tentatives d'explication de ce phénomène ou de ce fléau sont souvent contradictoires. Des cas d'exemples pleuvent, le dernier en date JSK-MCA, à lui seul, déchargera des interrogations dont une en est la cause. Pourquoi avoir refusé de faire jouer la rencontre au stade du 1er-Novembre connaissant le climat fragile qui caractérise la relation MCA-CSC ? Pourquoi ne pas avoir fait l'impasse sur le règlement (des 20 000 places) ? Quelle était la réaction du BF auprès de cette commission pour éviter l'escalade dangereuse de violence ? Tout est flou, rien ne semble militer en faveur d'un football professionnel. Bien que souvent des opérations «teintées de promesses et d'engagements de mener bataille contre ce fléau qui ruine notre football échouent». Des promesses qui s'effritent plus vite qu'un tir puissant du ballon. Les consultants et médias s'interrogent sur ce silence de la FAF et de son bureau fédéral qui n'a toujours pas réagi à ces violentes scènes qui nous ferons rappeler à chaque week-end cette violence vécue par des milliers de supporters et des millions d'Algériens derrière leur poste de télé. Il importe pour les premiers responsables de ce sport de définir une toute autre méthode d'analyse qui isolerait à tout jamais ces énergumènes qui frappent fort le sport. La cause, pas besoin de la chercher, elle est connue de tous, elle réside dans la politique de gestion de notre football, dans la désignation des personnes qui doivent porter haut le flambeau de ce sport, et bien entendu dans la manière d'imposer le respect de la réglementation sans faire dans le détail. Le choix du stade de Constantine pour revenir sur ce dossier : la rencontre JSK-MCA aurait pu être évitée si la commission de l'organisation de la Coupe d'Algérie était armée d'une réflexion intelligente plutôt que d'un décamètre et éviter de réveiller le diable dont les conséquences ne se mesurent pas à une détérioration du portail. Encore faut-il se donner la peine de prendre en considération ce qui n'est étranger pour personne, comprendre par là, la relation entre les supporters des clubs. Aujourd'hui, il y a urgence à établir un bilan exploratoire sur cette difficile question. Les prochaines sorties des clubs tels que le CSC, MCO, MCA ou encore la JSK qui affrontera Belcourt sur son terrain, et la finale prévue le 1er Mai, ne seraient pas des parties faciles. Loin d'être un acte, ces incidents ne sont qu'une partie d'une longue suite d'actes de violence qui ont émaillé les saisons footballistiques et ont culminé avec les récents et très graves évènements survenus. En tant que secteur économique, le football qui est mis en danger par la violence le sera-t-il après l'intervention du ministère de l'Intérieur ? Eviter à ce que le football (spectacle) ne devienne le prétexte à autre chose que le sport proprement dit.