Alors que l'Algérie est un grand producteur de gaz naturel, les automobilistes préfèrent le gas-oil, plus polluant. Alors que la tendance en Europe et aux Etats-Unis est à la réduction de la consommation du diesel, appelé également gas-oil ou gazole, dans le transport via les véhicules, l'Algérie enregistre une hyperconsommation de ce carburant considéré, pourtant comme dangereux. Tel est le constat dressé dans une communication intitulée "transition énergétique pour un modèle à 50% durable : la révolution dans les transports en Algérie", présentée lors de la 22e journée sur l'énergie organisée par l'Ecole nationale polytechnique d'Alger. Les auteurs de l'étude, réalisée sous la conduite de professeur Chemseddine Chitour, soulignent que l'Algérie a consommé en 2015, 15,7 millions de tonnes de carburants : 9,96 millions de tonnes de gas-oil (63,36%) et 5,01 millions de tonnes d'essences (31,87%). La consommation de gas-oil a plus que doublé entre 2001 et 2015 : de 3,9 millions de tonnes à 9,96 millions de tonnes. Alors que ce produit est considéré comme dangereux. Les émissions gazeuses des moteurs diesel sont nocives pour la santé. Elles sont source d'insuffisances respiratoires et de certains cancers. Le gas-oil est le plus polluant des carburants véhicules. Pour ces raisons d'atteinte à la santé de la population et de pollution ainsi que pour des raisons économiques, ces auteurs plaident pour une utilisation plus importante du GPL carburant et du gaz naturel carburant (GNC) ainsi que pour l'introduction de la voiture électrique. Les avantages du GPL sont cités : le véhicule GPL coûte moins cher que le véhicule à essence. Le prix de ce carburant est le moins cher du marché. L'automobiliste qui utilise le GPLC réalise 25% d'économie par rapport à l'essence. Le GPL est largement disponible en Algérie. Les émissions de CO2 sont réduites de 18% par rapport au véhicule à essence. Quant au gaz naturel carburant (GNC), les véhicules qui roulent avec ce carburant émettent 20% moins de CO2 que ceux à essence. Les auteurs de la communication rappellent que la promotion de ce produit date de 1998. Une opération pilote a été menée par Sonelgaz. Depuis, il y a eu la réalisation de deux stations fournissant du GNC, l'une à Husssein-Dey, l'autre à Gué-de-Constantine à Alger. Moins de cent véhicules en Algérie roulent au GNC : 10 autobus et 85 véhicules de Sonelgaz convertis en 2002. Un paradoxe. Lors de ces journées, un intervenant a montré que ce chiffre est dérisoire en comparaison avec d'autres pays : 1 million de véhicules roulent au GNV (gaz naturel véhicule) en Italie, toute la flotte de bus de la ville de Montpellier en France utilise le GNV. Alors que l'Algérie est un grand producteur de gaz naturel. Les auteurs de l'étude préviennent que si l'Algérie maintient ces tendances précitées, elle va vers la détérioration de ses équilibres financiers et une plus grande pollution dans le pays. Avec une augmentation de la consommation de 7% par an et un parc automobile de 11 millions de véhicules en 2030, la consommation de carburants sera de 20 millions de tonnes en 2020 et 26 millions de tonnes en 2030. Pour inverser ces tendances, les auteurs proposent un modèle où en 2030, 50% des véhicules circulant en Algérie utiliseraient des carburants propres (25% GPL et GNC, 25% de véhicules électriques). Ils suggèrent la conversion de 100 000 véhicules diesel au GPL carburant par an, la promotion du transport par rail. Dans ce scénario, la quantité d'essence économisée par l'introduction de la voiture électrique notamment serait de 15 millions de tonnes annuellement, soit une économie annuelle de 20 milliards de dollars. K. Remouche