Nous vivons dans une ère où l'information est devenue un enjeu industriel considérable. Le monde contemporain se construit sur elle et le pouvoir appartient à celui qu'il l'a détient en premier. En fournissant, eux-mêmes, des statuts, des photos et des messages, les utilisateurs de Facebook lui permettent de facilement distinguer ce qu'ils aiment, n'aiment pas, où ils vivent, à quoi ressemblent-ils, leurs activités et leurs interactions. Ce géant du web prétend qu'en connaissant de telles informations, l'utilisateur sera le bénéficiaire immédiat et que cette collecte de données personnelles permettra d'afficher que ce qu'il lui conviendra. Seulement que sommes-nous, utilisateurs de ce réseau social, entrain de sacrifier réellement en échange de ces bénéfices ? Le 17 mars 2018, une enquête a été publiée conjointement par « The New York Times » et « The Guardian » (deux quotidiens américain et britannique respectivement), révélant qu'une société de communication stratégique britannique « Cambridge Analytica » ayant d'ailleurs participé à la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016, aurait illégalement accéder à des données personnelles de dizaines de millions de personnes pour les analyser et par la suite cibler et influencer massivement les votes des électeurs. « Cambridge analytica » en coopération avec Alexander Kogan, un professeur de psychologie de l'Université de Cambridge qui, en 2014 a créé un simple quizz appelé « This Is Your Digital life » pour y répondre, les utilisateurs (inscrits dans les listes électorales des Etats-Unis) devaient se connecter via Facebook et permettre à l'application d'exploiter leurs données, 300,000 américains y ont participé. Des questions « innocentes » sur une centaine de traits de personnalité qui ont permis a Kogan et donc par extension à « Cambridge analytica » de non seulement accéder aux données personnelles de ces derniers, mais aussi à ceux de leurs amis. A partir du quizz, un profil de personnalité fut développé, associé aux relevés de votes puis envoyé à C.analytica. Seulement l'affaire ne s'est pas arrêté à ces 300,000 personnes, 87 millions d'utilisateurs sont concernés, des profils de personnalité ont été créés et leurs données personnelles furent répertoriées, cela sont leur consentement. Les experts pensent que les résultats obtenus ont servi à cibler ces profils avec de faux messages et publicités électoraux. Que reproche-t-on à Facebook ? «Il est clair que nous n'avons pas fait assez » est ce qu'a le fondateur du réseau social affirmé devant le sénat. On reproche au géant américain d'avoir manqué à son devoir de protéger suffisamment ses utilisateurs comme il le devrait, de ne pas avoir anticipé l'utilisation frauduleuse de leurs données, d'avoir laissé faire Cambridge analytica et d'avoir négligé le problème lorsqu'il est apparu en 2015. Mais... Est-il le seul fautif ? La réponse est non. Vous, utilisateurs de Facebook, avez aussi une part de responsabilité. Selon un célèbre adage « Si c'est gratuit, c'est vous le produit », Facebook n'aurait pas engendré des millions de chiffre d'affaires mensuelle s'il ne possédait pas une valeur inestimable à offrir aux annonceurs. Lors de votre inscription, on vous demande de lire et d'accepter les conditions générales d'utilisation, une étape « banale » que tout le monde décide de passer. Après tout, qui serait prêt pour consacrer 32 heures à les lire ? Cependant, elles sont au centre du scandale, les CGU déterminent le cadre d'exploitation des données personnelles. Certains y partagent chaque détail de leur vie sur ce réseau ; date de naissance, parcours scolaire, résidence, famille, amis, photos, vidéos et humeur, une énorme quantité de données fournies volontairement, l'utilisateur ne peut qu'être blâmé. Sabrina AID Partenariat Réd-DIG-"Liberté" (#RDL)/Alumni (HEC)