"Nous veillerons à restituer le parti à ses militants dans toutes les structures et dans son mode de fonctionnement", a affirmé le président du parti. On ignore s'il s'agit d'une "purge" ou d'une entreprise d'assainissement, mais une nouvelle page semble s'ouvrir désormais au sein du plus vieux parti d'opposition, le FFS. Revigoré par son élection parmi les membres de l'instance présidentielle, l'ex-premier secrétaire du parti, Ali Laskri, flanqué des autres membres, dont Hayat Taiati, Brahim Meziani, Sofiane Chioukh, mais en l'absence du "sherpa", Mohand Amokrane Chérifi, "parti en mission à l'étranger", s'est montré hier ferme, suggérant par certains aspects la "mise à l'écart" prochaine de tous ceux qui ont tenté de mettre une OPA sur le parti, allusion à peine voilée à ceux que d'aucuns qualifient de "cabinet noir" du parti, même si, lui, refuse cette terminologie. "Notre élection constitue un tournant historique dans notre parti car résultant d'une compétition transparente et démocratique entre militants, que nous considérons comme exemplaire. Cette pratique politique marquera, désormais, systématiquement, les élections internes ou externes au parti, avec un choix démocratique des candidatures. Nous veillerons à restituer le parti à ses militants dans toutes les structures et dans son mode de fonctionnement", a martelé Ali Laskri lors d'un point de presse organisé au siège du parti à Alger. "Pour corriger les dysfonctionnements, nous procéderons chaque fois que de besoin à un assainissement démocratique comme préconisé par feu, notre président Hocine Aït Ahmed", assure-t-il encore. En évoquant la restitution du parti à ses militants, cela signifie-t-il que "ce n'était pas le cas jusque-là ?" "On doit s'améliorer (...) Il faut qu'il y ait un sursaut salutaire, redonner confiance aux militants et au peuple qui place beaucoup d'espoir dans le parti." Mais malgré l'insistance des journalistes, Ali Laskri s'est refusé à parler de "cabinet noir". "Lors du congrès et même au sein de la commission, des débats ont été menés, énormes. Il y a eu une liberté totale. C'est ce que je retiens (...) Maintenant, vous me parlez d'autre chose, ce n'est pas ma projection. Pour moi, c'est imposer le débat à tous les niveaux (...) Il faut que les textes soit applicables à tous." Un appel du pied aux "anciens" Ali Laskri n'a pas fermé la porte au retour des anciens cadres à condition qu'ils "n'aient pas fait de mal au parti". "Le problème ne se pose pas. On va tout mettre pour rendre confiance aux Algériens et à la militance. Il faut donner des signes forts. Tous les partis se retrouvent parfois dans des situations qui appellent à créer une dynamique politique et organique pour avancer", explique-t-il, avant de fixer les lignes rouges : "Le FFS n'est pas une auberge espagnole. Comme disait Dda l'Hocine, c'est comme un train, il y a ceux qui montent et ceux qui descendent. On fera tout pour renforcer le parti, mais on sera vigilants. Pas n'importe qui." Dans la déclaration liminaire, Ali Laskri a décliné la feuille de route du parti en perspective du prochain congrès, lequel se tiendra, selon lui, lorsque les "conditions seront réunies". Tout comme il a réitéré le choix stratégique d'un fonctionnement "collégial" pour éviter les "compromissions". "Nous travaillerons dans la collégialité et le consensus à tous les niveaux. Cela est une réponse cinglante à certains médias qui s'attaquent à notre modèle d'organisation collégiale que nous considérons comme une forme de gestion avancée, seule à même d'éviter les déviations et les compromissions. Collégialité que nos futurs statuts contribueront à parfaire lors de leur révision en prévision du prochain congrès", annonce-t-il. "Nous sommes déterminés à organiser un 6e congrès national rassembleur. À cet effet, nous comptons impliquer tous les militants, leurs structures et leur encadrement, dans toutes les étapes du dispositif de préparation du congrès. Nous veillerons avec la plus grande vigilance à assurer l'unité et la stabilité du parti, dont nous sommes garants conformément à nos statuts." "Notre ligne politique est inviolable", insiste-t-il encore. Cap sur le congrès Outre la mise en place du secrétariat national et du comité d'éthique, il est prévu le "renouvellement des fédérations et des sections", le "renouvellement des commissions du CN", "l'organisation de la conférence nationale des élus" et "l'organisation de la conférence nationale d'audit". Considérant que le parti est sorti vainqueur des "manœuvres de déstabilisation, voire de divisions initiées, voire encouragées, de l'extérieur visant à porter préjudice à l'image du parti, aux principes et aux valeurs qu'il représente et à son ancrage dans la société" et accusant "le système d'avoir cherché à ternir l'image du parti pour l'empêcher d'accompagner politiquement les mouvements sociaux actuels et futurs à l'approche de l'élection présidentielle et de peser sur cette échéance par nos choix politiques pour une alternative démocratique, un processus constituant et une 2e République", Ali Laskri a indiqué que l'élection présidentielle n'est pas dans l'agenda du parti. "Notre agenda, c'est la préparation d'un congrès rassembleur." Par ailleurs, il a accusé des décideurs "d'avoir refusé l'offre de la reconstruction du consensus". "On est allé voir tout le monde. On a fait des sacrifices, mais on a été diabolisés. On a créé un espoir, mais les décideurs n'ont pas suivi. Il y a même des parties au pouvoir qui ont adhéré, mais après, on leur a dit de se retirer." Enfin, il a indiqué que la décision reviendra à l'instance pour reconduire, ou non, à son poste, Hadj Djilani. Karim Kebir