Plusieurs dizaines de promoteurs de la wilaya de Béjaïa ont procédé, hier, à la fermeture des sièges de la Banque nationale d'Algérie (BNA) de Béjaïa et de Tazmalt. Il s'agit en l'occurrence de promoteurs qui ont créé leurs entreprises dans le cadre des dispositifs de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac) et de l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) qui se sont constitués en "Collectif solidarité promoteurs". Si le 20 mars dernier, ils se sont limités à des sit-in devant le siège de la Banque extérieure d'Algérie (BEA), sis place Gueydon à Béjaïa, pour "exiger l'arrêt des poursuites judiciaires et le harcèlement des promoteurs en difficulté", cette fois ils ont procédé à la fermeture des sièges de la BNA à Béjaïa et à Tazmalt. Au chef-lieu, ils étaient un peu moins d'une quarantaine de promoteurs à se rassembler devant l'établissement avant d'y empêcher l'accès de 10h à 13h, a-t-on constaté sur place. La matinée, cinq promoteurs ont comparu devant la justice. Une cinquantaine d'autres devront passer aussi, dans les prochains jours, en justice pour s'expliquer sur le retard dans le paiement de leurs traites. À Tazmalt, une centaine de promoteurs a procédé à la fermeture de l'établissement bancaire depuis la matinée jusqu'en milieu d'après-midi. Les protestataires ont tenu à dénoncer le harcèlement dont font l'objet les promoteurs, qui ont monté leur affaire dans le cadre de l'Ansej, de la Cnac et de l'Angem. Ils réclament l'arrêt immédiat des poursuites judiciaires, l'arrêt de toute forme de harcèlement des promoteurs (par courrier, par huissier...) ; que soit accusé réception de leurs requêtes et l'acceptation des versements des promoteurs selon la capacité de tout un chacun. Il y a lieu de rappeler qu'après le CPA de Sidi-Aïch le 4 décembre 2017, de la BNA d'El-Kseur le 13 mars dernier et du CPA de Béjaïa le 20 mars, les promoteurs sont venus, hier encore, à la rescousse de leurs camarades en difficulté et qui subissent des pressions de la part des banques, dénonce-t-on. Le cadre d'une banque nous a expliqué, hier au téléphone, que la banque est dans son droit d'exiger d'être payée. "Ils ont contracté des crédits à des taux bonifiés. Ils ne croient, tout de même pas, que l'on va éponger leurs dettes. Qu'ils demandent des échéanciers, la banque ne peut pas être contre mais de là à exiger d'elle l'effacement de leurs dettes, ce n'est pas possible." Il est à rappeler que des milliers de promoteurs, entrant dans le cadre des dispositifs d'aide à l'emploi (Ansej, Cnac, Angem), se trouvent en difficulté de paiement de leurs échéances, des dizaines sont carrément en faillite et beaucoup sont poursuivis en justice. Ces promoteurs se sont organisés dans une association dénommée Collectif d'appui à la microentreprise (Came-Béjaïa) qui revendique l'amnistie générale en plus d'exiger un meilleur accompagnement de ces entreprises, ainsi que l'amélioration de l'environnement de travail (accès aux marchés publics...) L'association, qui s'est structurée à travers toute la wilaya de Béjaïa, compte près d'un millier d'adhérents. Ces promoteurs, se disant victimes de l'échec de la politique d'emploi de l'Etat, refusent catégoriquement le rééchelonnement qu'ils ont qualifié de "cadeau empoisonné". M. Ouyougoute