Eventualités n De nombreuses entreprises qui ont vu le jour dans le cadre de ces dispositifs risquent de disparaître mettant en péril de nombreuses familles. Si les dispositifs d'aide à la création de microentreprises dans le cadre des dispositifs Cnac, Ansej et Angem, placent la wilaya de Tizi Ouzou en tête au niveau national en matière de nombre de microentreprises créées aujourd'hui et estimées à 22 750 petites et moyennes entreprises, la réalité du terrain est toute autre. En effet, de nombreux jeunes promoteurs se retrouvent aujourd'hui confrontés à des difficultés liées à l'endettement et se trouvent dans l'incapacité de faire face aux charges fiscales et parafiscales et au remboursement des emprunts bancaires en raison de l'absence de plan de charge. Un plan de sauvegarde des entreprises a été proposé par le Collectif d'appui aux microentreprises (Came) aux autorités, comportant plusieurs solutions, dont l'arrêt immédiat de toutes les poursuites judiciaires contre les promoteurs concernés, l'attribution comme point de départ d'un différé de remboursement pour tous les promoteurs, l'établissement de nouveaux échéanciers à long terme, une bonification des taux d'intérêt à 100% pour les crédits accordés et l'instauration d'un environnement de travail favorable, via notamment l'accès aux marchés publics. Le Collectif d'appui aux microentreprises (Came) propose également d'autres mesures pour l'épanouissement de la microentreprise, notamment la mise en place d'un cadre réglementaire du marché de la sous-traitance, l'accompagnement des promoteurs durant la période de remboursement, l'octroi d'avantages fiscaux et parafiscaux par notamment l'exonération d'impôts et la suppression des droits sur les dépôts de comptes sociaux. Cette association qui a obtenu son agrément en mai 2014, qui active pour l'orientation des jeunes promoteurs pour la création de micro-entreprises, et leur gestion, s'est faite le porte-parole des jeunes entrepreneurs en difficultés qui se sont retrouvés du jour au lendemain otages des crédits qui jadis étaient leurs rêves. «Notre Collectif est devenu un canal d'expression pour ces jeunes, dont la majorité sont des pères de familles, pour éviter une implosion» dira d'ailleurs le secrétaire général du Collectif d'appui à la microentreprise, Guellel Yacine. Cette dernière avait notamment dénoncé les pratiques des banques, qui exercent des pressions sur les jeunes promoteurs en difficulté, notamment l'antenne de banque BDL de Fréha, qui ne cesse de «harceler les promoteurs en difficulté» contre lesquels une campagne de saisie de leur matériel est lancée. «C'est la seule banque qui serre l'étau sur les promoteurs en difficulté, bien que ce soient les mêmes conventions qui ont été signées avec les autres banques» ajoutera notreinterlocuteur. Dans sa déclaration, la Came avait interpellé les hautes autorités pour que «cessent ces abus en vue d'un dénouement immédiat de cette affaire», du fait que ces pratiques risquent de contraindre les promoteurs concernés par les endettements à opter pour des actions qui «peuv ent conduire à un dérapage que l'association ne pourrait canaliser». D. I. «Malmenés et ballottés» l «Nous sommes à l'écoute des promoteurs en difficulté qui viennent souvent dans un état de désespoir total ayant été malmenés et ballottés d'une direction à une autre après avoir reçu des PV de saisie de leur matériel qui est souvent leur seul gagne pain», dira M. Guellal qui nous citera l'exemple d'un promoteur qui, dans un moment de désespoir, avait menacé de se suicider en lançant directement son camion sur la banque qui le harcèle quotidiennement de rembourser son crédit». «Nous avons réussi à calmer les esprits en étant à l'écoute de ces jeunes en détresse et nous avons créé des permanences au niveau de chaque commune, à leur tête des délégués afin de canaliser cette colère, mais jusqu'à quand ?», ajoutera notre interlocuteur non sans une marque de dépit face au mutisme de l'Etat. M. Guellal reconnaîtra que le problème de la micro-entreprise est de dimension nationale et dépasse les prérogatives des responsables locaux des dits dispositifs. Toutefois des requêtes ont été adressées aux directeurs des 5 banques, BDL, BEA, BADR, CPA et BNA, ainsi que les directeurs des impôts, Casnos, Ansej, Cnac et Angem, le fond de garantie et le wali, afin de leur demander de ne pas enfoncer les promoteurs en difficultés en attendant de trouver une solution avec le gouvernement."Nous avons également envoyé une requête, le 6 mai dernier, au ministère de l'emploi et à la direction générale de l'Ansej et au premier ministre afin de trouver une solution adéquate aux problèmes des promoteurs et de sauvegarder ces entreprises au lieu de les enfoncer». Notre interlocuteur ne manquera pas de souligner que ces «promoteurs ne sont pas des voleurs, ils sont pour la majorité des pères de familles et on ne demandent point d'annuler leurs dettes, mais de revoir la manière de les rembourser». D. I. Les solutions proposées par le CAME Un plan de sauvegarde des entreprises, basé sur «des solutions fondées et indissociables permettant la pérennité et l'épanouissement de la microentreprise», a été proposé par le Collectif d'appui à la microentreprise dont l'attribution des avantages fiscaux et parafiscaux aux microentreprises, qui se fera à travers l'exonération totale d'impôts et la suppression des droits sur les dépôts des comptes sociaux. A ce propos, M. Guellal nous citera l'exemple de la France, qui est pourtant le pays le plus rigoureux en matière d'impôts, où les micro-entreprises ne payent pas et ne récupèrent pas la TVA, et ce, «parce que la micro-entreprise est là pour éradiquer le chômage», insistera-t-il. D'autres solutions ont été proposées par le CAME, à l'exemple de l'attribution d'un différé de remboursement pour tous les promoteurs qui va servir comme point de départ, ou encore l'établissement de nouveaux tableaux d'échéances à long terme (CLT), la bonification des taux d'intérêt à 100% pour tous les promoteurs, l'accès aux crédits d'exploitation et l'instauration d'un environnement de travail favorable, et ce, en facilitant l'accès aux marchés publics, la réglementation du marché de la sous-traitance et l'accompagnement des promoteurs durant toute la période de remboursement. D. I. «Entreprises mort-nées» Le SG du Collectif d'appui aux micro-entreprises (Came), n'hésitera à qualifier les entreprises créées dans le cadre des dispositifs précités «d'entreprises mort-nées. Leur mort est programmée d'avance, compte tenu de l'échec de la politique d'Etat qui visait au départ à éradiquer le chômage et à créer des richesses et qui est devenue ensuite une politique d' «achat de la paix sociale» en 2011 au moment des révoltes des pays arabes. «La planification était le dernier souci des autorités qui visaient l'achat de la paix sociale. La banque n'avait plus aucun droit de regard sur la décision bien qu'elle intervienne avec le financement de 70% du crédit. Toutes les contraintes ont été levées, mais on n'a pas pensé aux répercussions sociales. Aucune étude technico économique ou d'accompagnement. Tout se faisait en aval, rien ne se faisait en amont. Pas de formation de base dans la gestion des entreprises, sans parler de la culture entrepreneuriale. Le promoteur se comporte en salarié et n'existe pas réellement sur le terrain» fera-t-il remarquer avant d'ajouter que les besoins des communes ne sont pas pris en considération, ce qui a provoqué la saturation du marché ajouté au fait que la sous-traitance ne soit pas réglementée. Se voulant plus explicite, M. Guellal dira que souvent les entrepreneurs ne savaient pas souvent qu'ils devaient avoir un comptable, payer des impôts en croyant qu'ils étaient entièrement exonérés, la Casnos et autres…